Algérie

Folio
L'amour d'Abderrezak Hellal pour l'Algérie n'avait pas de limites. Il était lié à sa terre natale par des liens viscéraux. Ecrivain, Hellal aimait «ses personnages» puisés de notre histoire. On dirait même qu'il «avait pitié» pour tous ces hommes et toutes ces femmes auxquels son talent donna vie. Et cet amour tendre, cette sollicitude que l'auteur éprouvait pour la plupart de ses héros réchauffait les pages de ses livres tel un sang maternel qui circulerait dans chacune des lignes que Hellal a écrites.Deux grands sujets ont fasciné l'écrivain, cinéaste durant sa vie : l'horreur élevée au summum par les agents du colonialisme de 1830 à 1962, et le pétrole comme vecteur de corruption et d'avilissement. Prise dans son ensemble, la construction structurée de son roman intitulé Dix-huit cent trente est une sorte de chronique compatissante et vigoureuse à la fois, fière et rebelle, pleine de vénération pour les gens simples et chargée de fiel à l'égard des «ennemis de l'Algérie».Les militants-patriotes de ce roman sont tous animés du désir de se sacrifier pour la liberté de leur peuple. Dans son recueil de nouvelles Entre l'olivier et la rocaille, A. Hellal s'est longtemps arrêté sur la description de l'esprit de sacrifice conscient «des peuples colonisés». Il a souvent utilisé le symbole dans le but de rendre accessible la tension et le sens profond des événements. Dans ses nouvelles, il vole d'un objet à un autre, morcelle la vie en menus détails et arrache des feuilles du grand livre de notre histoire. Son style était original et brillant jusque dans ses enflures, dans son verbiage.On observait dans ses nouvelles de la pensée et du sentiment un caractère et une physionomie bien propres. Dans Entre l'olivier et la rocaille, on découvre que la gelée argente l'infertile colline d'où a disparu le paysan autochtone. Les corbeaux passent très haut et tracent des cercles en croassant lu gubrement. La brise glaciale qui griffe les arbustes rabougris du village tourmente les toits de tuiles. La plume d'A. Hellal invoque, proteste. Elle est élan vers la liberté. Bruit du cuivre épique ou son de la flute pastorale, ses nouvelles nous transmettent une passion collective ou un état d' âme individuel et circonstancié.L'écrivain a maintes fois décrit le pain difficile des hautes âmes. En effet, l'?uvre d'A. Hellal ne se limite pas à des méditations sur le chemin parcouru, elle est surtout dictée par les impératifs de l'époque, par la nécessité d'évoquer les jours de tourment dans notre histoire. Ce qui importe dans cette ?uvre inachevée, c'est ce dialogue avec le passé, ce langage de la pensée qui rattache, dans nos mémoires questionnées (par l'écrivain), le proche au lointain : cette guerre (1954-1962) sanglante contre un colonisateur dévastateur, cette période trouble de la pensée unique (1962-1988), et ce terrorisme islamiste qui a endeuillé le pays depuis 1992.1830 est ce regard jeté sur une période de l'histoire algérienne par un romancier à l'?il vif, scrutateur et juste. Place de la régence est une ?uvre cruelle et forte, dans la mesure précisément où l'écrivain sait être détaché. On pressent, au-delà de l'Algérie-même, les convulsions d'une humanité exploitée et martyrisée. Entre l'olivier et la rocaille est un hymne à la liberté, à la justice et au rêve des révoltés.


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