Algérie


Folio
Dès ses débuts (son premier roman est sorti en 1983), Mohamed Sari a choisi d'être le romancier de l'homme concret, le sourcier des jaillissements imprévisibles, l'inventeur des destins.Dans son nouveau roman intitulé Forteresses en ruine, il éclaire profondément l'impuissance des êtres à se posséder en tant que personnes et cette entreprise sacrilège de chacun pour réduire l'autre à un objet qu'on peut détruire à n'importe quel moment. Mais on se tromperait beaucoup si, à cause de sa prédilection pour les situations cruelles et les âmes féroces, on prenait Mohamed Sari pour un romancier pessimiste. Le narrateur de ses «Forteresses en ruine» se refuse à regarder l'homme comme un être innocent jeté dans un univers de mal et de malheur, et justifié d'y élever le cri de la Révolte. Il le voit certes «misérable» mais coupable aussi et responsable, parce que libre. Le narrateur est avocat. Il arrive à Aïn Kerma, le village où il a fait ses débuts d'enseignant avant de choisir sa profession actuelle. Dure est la «chute des forteresses !»Deux événements tragiques viennent de secouer la quiétude de ce village autrefois paisible et accueillant : un groupe armé a attaqué un camion de prisonniers gardés par des policiers, un véritable carnage. Le jour d'après, des citoyens horrifiés découvrent le cadre mutilé du fils d'un instituteur en retraite.Pour le narrateur, l'enquête paraît dure. Il a des moments de doute et d'impatience. Et puis... les langues se délient : le commissaire, passionné des livres de Jean-Jacques Rousseau, qui rêve d'un Etat de droit, vit des moments cauchemardesques. L'instituteur voit en l'assassinat de son fils la destruction totale de ces «forteresses» qu'il a passées tant d'années à bâtir. La mère éplorée est rongée, comble de malheur, par un... cancer ! Rebelles et contre-rebelles perdent leur sourire. Aïn Kerma, autrefois village des aïeux sages, n'est plus qu'un amas de pierres noircies. Et pourtant, Sari nous montre, à l'horizon, une petite lueur : les habitants d'Aïn Kerma commencent à se «culpabiliser». Forteresses en ruine est un développement intense et neuf du thème de «la violence».




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