Algérie - Revue de Presse

Foisonnement de programmes de publicité à la télévision



Enjeux de sous et de sens La décision des autorités françaises de réduire la publicité sur les chaînes de télévision du service public pose nombre de questions de fond, y compris pour un pays comme l?Algérie, dont l?ENTV d?Etat, détentrice du monopole, fonctionne en même temps avec des volumes de pub toujours plus accrus. Au point de constituer un paradoxe d?une télévision propagandiste et en même temps marchande. Il est logique de prêter au chef de l?Etat français la velléité de tarir à la source l?une des mamelles les plus juteuses de l?expansion du groupe France Télévisions, et ainsi réduire l?audience de ses chaînes. En même temps le trop-plein d?écrans vers lequel a tendu le service public, depuis les années 80, a dénaturé la logique de programmation qualitative du service public. Tout comme dans le cas de l?ENTV, depuis le décret de 1991 qui a ouvert le droit à l?entreprise de constituer sa propre régie. Depuis les recettes de publicité, pour les marques étrangères quasi exclusivement, se sont envolées ; en même temps que le prime time a été phagocyté d?écrans Coca Cola et autres messages vantant le consumérisme. La différence, de taille, avec la situation française actuelle est que là-bas s?est ouvert récemment un large et profond débat sur où peut aller un service public de télévision affranchi / délesté des images et des recettes de pub. Il peut-être utile d?en prendre connaissance, pour réfléchir sur les tunnels de pub, et émissions de jeux sponsorisés à tout ? va, chargés sur la grille de l?ENTV. La ministre française de la Culture et de la Communication a été, ce 30 janvier, jusqu?à ouvrir un forum Internet consacré au sujet. Dans son chat avec les internautes elle a affirmé la volonté des pouvoirs publics de promouvoir une production de programmes « exigeante de qualité ».Deux principales positions en ressortent du côté des internautes. D?abord un scepticisme sur l?évolution la plus récente notamment de France 2 à s?aligner sur « le tout publicité », jusqu?à copier TF1. Un intervenant a rappelé le mot, qui a fait scandale, de l?ancien boss de la télé commerciale : « Désolé, mais publicité et qualité ne sont pas compatibles". Monsieur Le Lay avait été clair : pour vendre du Coca-Cola, il faut s?adresser à des cerveaux vides. Il faut des émissions les plus racoleuses possible et celles qui sollicitent le moins la réflexion du téléspectateur, afin que celui-ci soit le plus réceptif possible lorsque viendra la pub."Une autre, pas moins critique sur les interférences négatives de la lourde charge d?images de pub sur la grille, a pointé des arrière-pensées politiciennes de l?Elysée pour affaiblir le financement de l ?audiovisuel public : « Lorsque notre président a fait part de sa décision unilatérale, il arborait un petit sourire ambigu qui en dit assez long. J?ai de sérieux doutes sur ses buts finaux, c?est-à-dire la survie ou non d?une télévision publique vraiment indépendante d?un pouvoir politique ou financier. » Conséquence de l?annonce de Sarkozy de détourner France Télévisions du marché de la publicité : en janvier le volume de pub engrangé a baissé de 22 % sur France 2 et de 24 % sur France 3. Cependant que TF1 et M6 ont vu baisser leur volume chacune autour de 3 %. Les télés commerciales peuvent gagner gros dans le ressac de la cagnotte publicitaire du groupe public. Elles attendent en plus l?adoption par le droit français de la nouvelle directive européenne dérégulant largement le marché. Au total les télés françaises reçues en Algérie seront plus chargées de publicité. Pour autant, et depuis cette fameuse régie ouverte à l?ENTV en 1991, il n? y a jamais eu de débat sur la question. Plus grave, il y a comme une omerta sur la gestion financière de cette entreprise de droit public.


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