Algérie

Foire internationale du livre arabe



Prédominance du religieux Inaugurée par Khalida Toumi, ministre algérienne de la Communication, et Nahyan Ben Mubarek, ministre émirati de l?Education et de l?Enseignement, la XVe Foire internationale du livre arabe a ouvert ses portes ce week-end à Abu Dhabi. Plus de vingt pays, dont l?Irak et la Palestine, ont pris part à cette manifestation littéraire jugée par ses promoteurs comme « l?une des plus importantes de tout l?Orient ». Selon les organisateurs locaux, cette foire devrait « permettre aux écrivains et intellectuels d?interagir entre eux en vue de sortir la littérature arabe de son long sommeil et de relancer l?industrie du livre et de la pensée ». Mais à peine le ruban rouge coupé que des remarques commencent à pointer du doigt la prédominance des livres religieux sur toute autre production intellectuelle ou d?analyse. « Je suis un peu déçu de la qualité et de la typologie des livres présentés durant cette foire, soutient Hadjer, une maman tunisienne à la recherche d?un bon livre arabe pour son fils lycéen. Il y a une incroyable production de livres religieux (Coran et autres documents expliquant l?Islam sous toutes ses formes) en comparaison avec les livres techniques ou de sciences politiques. » Et de s?interroger avec une note de désespoir : « est-ce comme cela que nous allons rattraper le retard qu?accuse le monde arabe en termes de connaissance et de développement intellectuel ? » Cette opinion a mis tout de suite en colère un libraire yéménite qui a préféré garder l?anonymat. Il estime que la religion a toujours eu une place prépondérante dans la vie des Arabes et qu?il n?y a rien de choquant à voir les stands des maisons d?édition inondés de livres qui parlent de l?au-delà. « Au contraire, soutient-il, ce genre de foire est une occasion pour ouvrir le débat sur la pratique religieuse dans le monde arabe et une opportunité inespérée pour convaincre certains égarés de revenir sur le droit chemin, celui de la sagesse et de la croyance en Dieu, car copier aveuglément l?occident ne mène à rien. » Le hall qui abrite l?exposition est immense, mais la superficie des stands varie en fonction du poids politique et économique des pays. C?est l?Arabie Saoudite qui occupe le plus d?espace. A travers des stands disséminés à travers tout le hall, on trouve de tout : des livres sur la religion, des documents de propagande vantant le long parcours économique et politique du royaume sous le règne des différents rois et l?histoire des villes saintes comme La Mecque et Médine. Tout cela est « servi » sur fond de Coran qui fuse de tous les coins... Pour se procurer un bon roman ou un livre politique contemporain, il y a lieu de se pointer chez quelques éditeurs indépendants, souvent libanais ou égyptiens, ou fouiner dans les « cartons » de quelques instituts de stratégie et de recherche arabes qui essayent de coller à l?actualité politique internationale, en traduisant notamment des études intéressantes sur plusieurs thèmes. « Mais acquérir un livre n?est pas toujours suffisant, constate un journaliste local. Il aurait été souhaitable d?organiser sur place des conférences, d?inviter des chercheurs et des romanciers pour débattre et échanger avec le public. Ce n?est que de cette façon qu?on peut stimuler la réflexion et la critique ; car le livre, on peut se le procurer partout. »


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