Foi, histoire et esthétique

Djamaâ El Djedid (la nouvelle mosquée) s'élève sur un côté de la Place des martyrs, près de Bab El B'har (la porte de la mer), face à la Pêcherie. D'ailleurs, elle était appelée « la Mosquée de la Pêcherie ». Elle fut bâtie en 1660 sur les bords de la mer Méditerranée, non loin de djemaâ El Kebir, à l'emplacement de madrasset Al Anania (école Al Anania), autrefois appelée Zaouiet Moulay Bou Anan. La construction de cette mosquée vouée au rite hanéfite (le plus répandu chez les musulmans turcs) fut ordonnée par les milices turques, financée par de généreux donateurs et réalisée par la corporation des bahara (les marins). Son plan en forme de croix latine rappelle celui des églises byzantines nombreuses à Constantinople. D'ailleurs, une légende raconte que des esclaves chrétiens, à l'origine de cette architecture, auraient été empalés par le pacha en raison de ce sacrilège. Il n'en est rien car sa haute coupole centrale ovoïde terminée en pointe et entourée de quatre coupolettes évoque fortement les mosquées d'Istanbul. De plus, Djamaâ El Djedid fut érigée par El Hadj Habib, un musulman qui aurait importé ce style d'Anatolie.D'une blancheur pure, elle est dotée d'un somptueux minbar italien en marbre sculpté ainsi que d'anciens fauteuils de professeurs. Le précieux manuscrit du Coran qu'on y trouvait est, quant à lui, actuellement conservé au Musée des antiquités. Depuis 1853, c'est à son minaret carré, haut de 27 m, qu'est suspendue l'horloge de la ville d'Alger, autrefois accrochée au palais d'El Djenina. A l'angle de la Nouvelle Mosquée se dressait la mahkama (le tribunal) du cadi (juge), ce qui constitue aujourd'hui Djamaâ El Akhdar, une sorte de mosquée annexe.