Foggara – Un trésor hydraulique en Algérie

La foggara, terme berbère désignant un système hydraulique traditionnel, joue un rôle crucial dans la collecte, l'acheminement et la distribution des eaux souterraines dans le désert algérien du Sahara vers les oasis. Ce système ancestral permet de gérer efficacement l'eau dans des environnements arides, grâce à un réseau de canalisations souterraines qui dirigent l'eau depuis une source vers un bassin de distribution, selon une répartition équitable préétablie.

Structure d'une foggara :

- Le puits principal, aussi appelé « Aïn el-foggara » ou « Rasse el-foggâra », peut plonger jusqu'à quarante (40) mètres sous la surface,

- Une canalisation souterraine mesurant environ 1,20 mètre de haut et 0,80 mètre de large, s'étendant sur des longueurs allant jusqu'à 10 km, équipée de puits d'aération espacés le long de son trajet, dont les profondeurs varient de 2 à 30 mètres,

- Un bassin de distribution en surface, d'où l'eau est allouée aux agriculteurs via un système de canaux de distribution gravitaire, contrôlé par un répartiteur en forme de peigne.

En Algérie, sur 1400 foggaras recensées, 903 sont encore en fonctionnement. La répartition de l'eau est gérée par des experts en mesure de l'eau, connus sous les noms de « kiyaline el-maa » à Adrar et « Oumana essayle » à Ghardaïa. Ces mesureurs d'eau sont chargés de calculer le volume d'eau provenant de la foggara, de déterminer la part revenant à chaque agriculteur, et d'ajuster les ouvertures dans le répartiteur pour assurer une distribution équitable. Ces procédures sont ajustées à chaque transaction concernant l'eau, comme les achats, ventes, échanges, ou partages successoraux.

Le savoir-faire des kiyaline el-maa, les mesureurs d'eau des foggaras du Touat et du Tidikelt, a été reconnu comme faisant partie du patrimoine culturel immatériel mondial, témoignant de l'importance et de la richesse de cette tradition hydraulique unique.