Algérie

Focus. Maman colonelle, des anges et des démons



Focus. Maman colonelle, des anges et des démons
Dans la soirée de mardi, le public a frissonné aux images de Maman colonelle, un documentaire de Dieudo Hamadi, qui fait le portrait d'une colonelle de police congolaise qui vient au secours de femmes violées et d'enfants maltraités.Maman colonelle Honorine dirige une unité de protection des enfants et de lutte contre les violences sexuelles, basée dans la ville de Kisangani. Sur l'écran éclate la profonde misère d'une population qui se tord encore sous la douleur de la guerre des Six- Jours entres les deux armées du Rwanda et de l'Ouganda sur le territoire de cette ville congolaise en juin 2000. Principaux victimes de ces conflits aux conséquences désastreuses, les femmes et les enfants, souffrent en silence.
Les témoignages sont assommants : «Ils ont tiré ma petite fille de la fenêtre et l'ont violée à plusieurs», témoigne une femme, un bébé au dos, avant qu'une autre, qui éclate en sanglots, ne raconte qu'elle n'a plus de nouvelles de sa fille qui a été enlevée. Les affres de la guerre ont laissé des âmes en suspens, des femmes veuves et des enfants orphelins. «Il m'ont ligotée et violée, ils ont tué mon mari et égorgé mes enfants», ajoute une autre Congolaise, victime d'une guerre atroce pour le contrôle de la ville qui a fait aussi des mutilés. «Mon mari me met enceinte puis me jette dehors», ajoute une autre Congolaise, en lingala, l'une des quatre langues nationales du pays. Maman colonelle s'engage alors dans une mission humanitaire, en leur prêtant une oreille attentive, les secourant, leur trouvant un refuge et défendant leur cause auprès du reste de la population. Le sort des petits enfants de Kisangani est encore plus dramatique.
Battus jusqu'au sang, ils sont accusés de sorcellerie par leurs propres parents. Une descente policière sur le terrain révèle au public l'ampleur des dégâts. Une dizaine d'enfants sont entassés dans une pièce pour les «guérir de leur sorcellerie» à coups de fouet et de textes bibliques, le tout sous l'autorité d'une femme «prophétesse». «Papa m'a accusé d'avoir volé son argent pour aller dans le deuxième monde», se confie un petit enfant délivré par Maman colonelle. Un autre est déclaré sorcier par sa mère, parce qu'il lui a mordu le sein en tétant. Macé, trésor, mémé, et les autres sont victimes d'une société aux prises aux archaïsmes dénoncés par la caméra de Dieudo Hamadi. Le documentaire montre, dans des plans crus et accusateurs, des réalités terribles, des drames qui se conjuguent encore au présent dans l'Afrique d'après les indépendances. La sensibilité et l'humanisme de Maman colonelle atténuent la colère silencieuse qui semble s'être emparée du public qui a quitté la Cinémathèque de Béjaïa le c?ur peiné, mais reconnaissant de l'engagement juste du réalisateur, enfant de Kisangani.


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