Algérie


Focus
Les participants aux 14es RCB retiendront que la soirée de lundi sera peut-être l'une des plus mémorables et pour cause. Les deux films projetés ont déchaîné les passions.Si Good Luck Algeria a attisé la fibre nationaliste, Jours intranquilles, le cours métrage de Latifa Saïd, a fâché plus d'un. Le film se greffe sur le malheur de la décennie noire algérienne avec ses dérives et bêtises islamistes mais que l'on préfère désigner plutôt comme une «guerre civile», donnant prolongement au discours du politiste Luis Martinez pour qui «tout Algérien est habité par un imaginaire de la guerre». Jours intranquilles débute par l'errance d'une femme (rôle joué par Farida Ouchani, prix «mention spéciale de la meilleure actrice» au festival d'Avanca), dans les ruelles du village français d'Aubagne.Elle vient de quitter l'Algérie, fuyant la menace islamiste. La femme, dont on ne saura pas le nom, est une chanteuse de cabaret d'Oran tourmentée par le déchirement existentiel dans lequel elle se trouve. En quittant son pays, elle atterrit dans ce village où elle devait aller chez une amie qui n'est finalement plus là. L'errance commence avec le goût de désarroi qui la fait déambuler dans les recoins du village l'air mélancolique et déjà nostalgique du pays lointain.L'histoire est, à première vue, celle d'une Algérienne forcée à l'exil, comme beaucoup d'autres compatriotes intellectuels et artistes qui, au plus fort de la folie meurtrière des barbus, ont dû fuir le pays la mort dans l'âme. Le film prend une autre connotation avec l'apparition d'un homme qui approche la femme exilée, gagne sa confiance et finit par danser avec elle dans la chambre de celle-ci sur les airs de Zehouania. Sauf que l'homme est un ancien légionnaire qui a servi et sévi à Bel Abbès, une période dont il a un souvenir plutôt «heureux».Cette dernière séquence donne corps et symbolise fortement une réconciliation entre la victime et le bourreau que certains parmi le public ont trouvé «abjecte», tandis que d'autres reprenaient joyeusement les airs de Zehouania. La fiction fait un parallèle politique qui a fâché au point que l'ancien directeur du théâtre de Béjaïa, Arezki Tahar, a reproché, furieusement à la réalisatrice de prôner «une réconciliation à l'emporte-pièce». «Je ne l'ai pas fait pour heurter les esprits mais pour interroger l'histoire» s'est défendu Latifa Saïd.


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