Algérie

Florilège impromptu



L'expression «artistes femmes» ne semble pas àªtre le fruit du hasard quand l'habitude (et peut-être une facilité de prononciation ') a toujours inversé les deux termes. L'organisateur, le Musée national des beaux-arts d'Alger et les participantes ont voulu ainsi mettre en avant la qualité d'artiste. Rien de plus logique, mais, au-delà, cette mise au point indirecte semble surtout remettre en cause la croyance en un art spécifiquement féminin. Cependant, si elles conservent le terme de «femmes», c'est aussi une manière de dire qu'étant artistes, elles ne peuvent s'appuyer, pour leur expression, que sur leur vécu, comme tous les créateurs.
Du 1er  au 30 avril, les œuvres de ces six artistes occuperont la salle Bachir Yellès du Musée du Hamma, dans la diversité de leurs démarches et manières de peindre, mais aussi la similitude de certains aspects de leurs parcours. On remarque ainsi que toutes ont reçu une formation supérieure à  l'Ecole des beaux-arts d'Alger, voire une formation complémentaire à  l'étranger dans des écoles de haut niveau. Ainsi, Zohra Hachid-Sellal a poursuivi ensuite aux Arts Déco de Grenoble et Safia Zoulid a même été, en 1980, major de la promotion des Arts Déco de Paris. Toutes ont consacré une bonne partie de leur carrière à  l'enseignement artistique dans les institutions de l'éducation nationale ou dans des écoles privées d'art et toutes ont quasiment arrêté cette activité pour se consacrer entièrement à  leur vie artistique. En revanche, leur doyenne, Souhila Belbahar, née en 1934 à  Blida, échappe à  ce profil commun. Issue d'une famille d'artisans-brodeurs, sa biographie attribue à  l'un de ses parents, le célèbre auteur et historien, Tewfik El Madani, l'encouragement à  développer ses talents picturaux précoces. Sa première exposition personnelle remonte à  1972 à  la galerie Mohamed Racim, lieu historique de l'art plastique algérien. Belbahar, pour àªtre la plus ancienne, n'est pas la moins audacieuse. Elle a eu ainsi le courage artistique de remettre en cause le style floral qu'elle avait forgé durant des dizaines d'années pour s'orienter de plus en plus vers une abstraction foisonnante. Les visiteurs pourront admirer également la palette de Zohra Hachid-Sellal dont l'inspiration profonde à  partir du patrimoine et surtout des fresques du Tassili, s'est conservée tout en se renouvelant au plan conceptuel et plastique. Avec Safia Zoulid, peintre mais aussi aquarelliste chevronnée, la légèreté lumineuse et la maîtrise apportent une sensation de ravissement fondée sur la discrétion de la touche et la subtilité des compositions. L'univers enchanté de Djahida Houadef se déploie dans sa singularité de formes et de couleurs en nous rappelant que ses contes peints, tout comme les contes dits, peuvent porter de l'allégresse mais aussi de l'inquiétude. Le monde, selon Faïza Bayou, dépasse l'échelle humaine pour entrer dans une dimension cosmique où les àªtres et les choses sont envisagés dans leur nature abstraite et leurs mouvements diaphanes ou tranchants. Enfin, Ahlam Kourdoughli qui s'adonne à  la couleur en poursuivant de mystérieuses géométries, vient clore ce florilège impromptu.

 


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)