Algérie

FLN-RND: La guerre des styles



Entre le FLN et le RND la guerre en sourdine fait rageQuand c'est sur l'orgue de l'héritage intergénérationnel qu'on joue la partition, le risque est grand. Les deux hommes politiques doivent impérativement régler le ballet, car chez le commun des citoyens algériens, la terre relève du sacré.
Les partis de la majorité ont-ils peur de se découvrir' Face aux ouï-dire, aux racontars et aux rumeurs qui parasitent la vie politique nationale, ils sont restés l'arme au pied, la musette encore pleine de munitions inutilisées. Ce n'est que la face «apparente» de l'iceberg car en underground, ça grouille, ça grenouille et ça s'agite. Entre le FLN et le RND la guerre en sourdine fait rage. S'appuyant sur une fuite du projet de la loi de finances complémentaire (LFC 2018), selon laquelle les étrangers peuvent acheter et exploiter des terres agricoles à condition qu'ils soient associés à des entreprises algériennes publiques ou privées, le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès dégaine sur son rival du RND, Ahmed Ouyahia qu'il accuse d'avoir «dévié de la ligne novembriste». Il accuse Ouyahia d'être l'instigateur de cet article qui permet de donner des concessions agricoles aux étrangers. L'article en question a été supprimé de la première mouture du projet de la LFC 2018. La charge de Ould Abbès a été trop forte. Elle va au-delà de simples divergences de vision sur une question donnée. Quand c'est sur l'orgue de l'héritage intergénérationnel qu'on joue la partition, le risque est grand. Les deux hommes politiques doivent impérativement régler le ballet car chez le commun des citoyens algériens, la terre relève du sacré. A ce propos, il faut reconnaître au FLN cette ferveur, défendre les terres agricoles contre vents et marée, quitte à y laisser des plumes. Mais cela n'empêche pas le débat. C'est une évidence connue de tous, la législation de notre pays définissant les modes d'exploitation des terres du domaine privé de l'Etat reste incomplète. En raison de ce vide juridique, il s'en est suivi, dans bien des cas, des transactions informelles et des ventes spéculatives.
Ensuite, il est bien vrai qu' à certains moments, les objectifs strictement partisans des uns et les calculs des autres semblent autant de divertissements peu dignes pour nous détourner des vrais sujets qui engagent l'avenir de notre pays.
La question est de savoir comment atteindre nos objectifs de politique agricole et de sécurité alimentaire et soutenir équitablement les agriculteurs qui assurent cette sécurité alimentaire. A ce propos Seddik Chihab, porte-parole du RND est très explicite. «Au RND, nous avons dépassé le tabou des terres agricoles depuis très longtemps et on n'a pas de complexe à nous quand il s'agit de l'intérêt du pays.» Chihab émet d'abord des doutes sur cette fuite dénoncée par ailleurs par le Premier ministre lui-même. «On agit et on juge sur la base d'une fuite ne prouvant aucune véracité du document.» Ensuite, explique-t-il, Ahmed Ouyahia en tant que Premier ministre fait le distinguo entre la gestion des affaires de l'Etat et celles du parti. «Il ne mélange jamais les torchons et les serviettes. Il prend les mesures pour faire avancer la maison Algérie et non le contraire.» Le porte-parole du RND ne semble pas être perturbé par les attaques de son adversaire, le FLN «Si on cède aux ragots on n'avancera pas et sur ce dossier précis des terres agricoles, le RND est plus réaliste et plus logique», appuie-t-il, avant de s'interroger: «Posons-nous la question: du Fndra au Ppdra en passant par l'effacement des dettes des fellahs, combien d'actions ont été menée et combien d'argent a été injecté pour développer le secteur agricole'». Dans ce remue-ménage fait d'attaques et de contre-attaques partisanes, le porte-parole du RND ne manque pas de contextualiser les événements. Seddik Chihab a eu déjà à dresser un tableau d'une Algérie sérieusement menacée et il ne fait pas dans la démagogie, surtout quand il parle des implications d'une étape «difficile» que traverse le pays à une année du déroulement de l'élection présidentielle. Pour Chihab cela implique «vigilance et sagesse pour y faire face». Dans ce tiraillement sur les terres agricoles il va même plus loin révélant l'ampleur de la question en réalité abyssale: «Le vrai problème est qu'il y a une caste de personnes qui veulent tout accaparer à eux seuls.»


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