Algérie

FLN-RND : la défaite en partage



Le FLN a «félicité» hier Abdelmadjid Tebboune pour son «élection à la présidence de la République». Le RND, lui, l'a fait directement par l'entremise de son candidat défait. Les deux partis n'ont pas l'habitude de congratuler les? adversaires pour leur succès. Et pour cause, le premier a été unique pendant de longues décennies, avant de consentir à devenir? unique à deux, plus quelques démembrements sans grande consistance. Depuis, ils ont gouverné dans une «alternance» cyclique, partageant des majorités formelles et assumant leur rôle dans une pluralité politique que tout le monde sait factice. S'ils se sont toujours retrouvés à pavoiser ensemble après des victoires obtenues sans livrer bataille, ils ont eu aussi à jouer des comédies de «compétitions» dont tout le monde connaît la chanson, mal ou bien interprétée. Parfois, ils ont même crié au vol ! A tour de rôle, ils ont poussé le toupet jusqu'à enfiler les oripeaux de contestataires lésés. S'accusant mutuellement d'avoir organisé quelques «irrégularités» qui ne vont jamais au-delà de l'anecdotique, ils se sont permis le luxe de surréalistes coups de gueule, avant d'aller? fêter ça ensemble quand le sifflet de fin de la plaisanterie a retenti. Mais ce genre d'esclandres-cadeaux, ils ne pouvaient se le permettre qu'à l'occasion de scrutins législatifs ou locaux où ils bénéficiaient d'autorisations spéciales de se chamailler. Quelques sièges à l'APN ou dans une assemblée locale d'un coin perdu du pays à revendiquer par l'un et l'autre, ça ne remet pas en cause la régularité d'un scrutin, ça peut même lui donner quelque crédit en jouant sur le principe de l'exception qui confirme la règle. Laminés par les scandales, traînés dans la boue par le mouvement populaire, c'est la première fois que les deux partis se sont retrouvés carrément à la rue, surtout que l'oreillette n'a pas dû fonctionner comme attendu. Si le RND a fini par «régler son problème» avec une candidature tentée en désespoir de cause ou soufflée, il n'en était pas de même pour le FLN, d'autant plus que dans le rejet populaire, il trônait allégrement au premier rang du classement, son rival-maison n'étant perçu par les Algériens que comme l'une de ses excroissances biologiques. C'est dans cette posture d'angoisse et de tourmente que le FLN a été contraint à d'incessants et paniqués appels d'air. Pourtant, Tebboune, même revendiquant un statut de candidat indépendant, était toujours organiquement lié au FLN, Ali Benflis avec son propre parti revendiquait encore une portion de son électorat et Bélaïd est un enfant de la maison. C'est finalement à la? rumeur, fortuite ou organisée, que le FLN a fini par remettre son destin. Ainsi, une fois n'est pas coutume, FLN et RND n'ont que la? défaite à partager. Ils auront certes poussé leur «logique» jusqu'au bout, mais cette fois-ci, ils le doivent à un concours de circonstances. A moins d'un séisme, ils répareront ça en revenant dans le giron des vainqueurs. Personne ne les soupçonne d'être déjà dans les états d'âme. Encore moins dans le scrupule.S. L.


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