FLN La protesta fait tache d'huile

Entre satisfaction et mécontentement, les composantes et les têtes de listes des candidats à la législature rythment le quotidien des militants depuis l'annonce officielle des candidats retenus par les directions des principales formations politiques pour ces joutes électorales. Si pour le MSP et le RND et chez la majeure partie des autres formations politiques, l'heure est plutôt à la préparation de la campagne électorale, au FLN, la protestation semble faire tache d'huile et gagner de plus en plus de terrain. Ce qui n'était au départ qu'une manifestation de colère et de mécontentement de militants «mis à l'écart» par leur direction, semble aujourd'hui prendre des proportions plus graves. Aux sit-in, marches, rassemblements et autres conclaves, vient s'ajouter les menaces de démissions collectives et de boycott de la campagne électorale du parti. Dans certaines régions du pays, les fameuses listes ont même ravivé le clanisme et l'esprit tribal. Face à cette déconfiture, ce sont les concurrents directs de l'ex-parti unique qui se frottent les mains. A Oran, c'est presque un mécontentement généralisé. Après Abid et ses partisans qui ont manifesté ouvertement leur rejet de la liste, les militants de kasmas FLN se reconnaissant sous l'aile dite de Fréha Mohamed, dans un communiqué rendu public hier, ont décidé «de geler toutes les activités» du parti au niveau local, annonçant du même coup leur désengagement de la future campagne prévue dans le cadre des prochaines joutes électorales. Sur les 64 candidats proposés par les kasmas, aucun nom ne figure dans la liste retenue. «La liste des candidats retenus est une atteinte à l'honneur et à la dignité des militants de la wilaya d'Oran (...)», affirment les rédacteurs de ce communiqué, réunis hier après-midi au niveau du siège de la kasma 2. «En vertu de l'obligation d'impartialité, tel que recommandé par le parti à travers les derniers discours du secrétaire général du FLN, où il était question de mettre fin à ce qu'il a qualifié de corruption politique et de toutes formes d'accointance visant à étouffer les mérites et les compétences, nous sommes tenus aujourd'hui d'exiger de lui ce qu'il a exigé de nous», lit-on dans le communiqué. Les militants, qui ont répondu à l'obligation de résultat, estime la même source, viennent d'être dévalorisés, discrédités et marginalisés en dépit de leurs valeurs incontestées. Les militants des kasmas FLN dénoncent également ce qu'ils qualifient de piétinement des textes régissant la loi fondamentale et le règlement intérieur du parti. «Nous avons présenté à la candidature des militants de kasmas installés par PV signé par M. Sâaïdani, lui-même mandaté par le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. En dépit de cette légitimité, nos candidats ont tous été écartés», déplorent-ils. «En ignorant délibérément les propositions démocratiques de la base (15.700 militants structurés à Oran), on dénie aux kasmas leur légitimité, pourtant reconnue par la direction centrale. Les kasmas jugent par ailleurs le choix des candidats retenus comme étant inconsidéré, ces derniers ne connaissant pas Oran et n'étant même pas de la région», estime-t-on par ailleurs. Les rédacteurs du communiqué ont également critiqué ce qu'ils ont qualifié de «népotisme de la liste», particulièrement, disent-ils, «à un moment où l'Etat et les partis politiques dénoncent la corruption politique.» Dans les travées de l'hémicycle de la wilaya d'Oran, à quelques instants de l'ouverture de la session de l'APW, toutes les discussions portaient sur les fameuses listes des candidats. C'est bien entendu celle du FLN qui a focalisé tous les commentaires. Faisant fi de la discipline partisane, des élus n'hésitent plus à critiquer leur direction nationale, affirmant au passage que les vrais militants ont été marginalisés. Des élus qui avaient bercé le rêve de se voir sur cette liste et qui, finalement, ont été ramenés au rang de faire-valoir, affirment qu'ils ne sont plus concernés par la campagne électorale. A Djelfa, les militants du FLN, tout comme ceux du RND, semblent désapprouver le choix de leurs responsables et menacent de boycotter les urnes. Des candidats du FLN seraient sur le point de se retirer pour protester contre leur mauvais classement sur la liste. D'autres militants reprochent aux «décideurs» d'avoir exclu de la liste de jeunes militants capables de donner un nouveau souffle au parti. Il faut savoir que dans la wilaya de Djelfa, ce n'est pas la couleur partisane qui prime, mais plutôt l'influence des tribus. Le mécontentement est assez perceptible chez les plus grandes tribus de la région (Sahary, Abbaziz, Ouled Aïssa), qui n'ont pas de candidats bien classés dans les listes des deux grands partis. A Constantine, le bureau de la mouhafadha s'est réuni hier et a rendu public un communiqué dans lequel il appelle la direction nationale et le SG du FLN à «se reprendre» et à «revoir la composante de cette liste avant qu'il ne soit trop tard». Les rédacteurs du communiqué reprochent aux décideurs d'avoir confectionné une liste non représentative qui a «exclu» totalement la zone nord de la wilaya, qui représente 6 communes, en plus des daïras d'El-Khroub et de Aïn Abid, qui totalisent à elles seules 120.000 électeurs. Les membres du bureau de la mouhafadha affirment en outre que les militants élus «démocratiquement» par leurs bases ont été «évincés», et que les critères de choix des candidats énoncés dans les statuts et règlements du parti, et dans les dernières directives du SG du parti, ont été bafoués. Tout en réitérant leur désapprobation et leur rejet de cette liste, les membres de la mouhafadha, «au nom des cadres et militants de la wilaya», appellent les responsables concernés «à assumer toutes leurs responsabilités quant aux conséquences qui peuvent découler de ce choix de candidats inconnus et non-résidants dans la wilaya».