La situation au sein du Front de libération nationale s'est compliquée au cours des dernières 48 heures. Le groupe parlementaire à l'Assemblée populaire nationale, seule structure sur laquelle Abdelaziz Belkhadem a encore un semblant d'emprise, traverse une forte zone de turbulence.
Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - La déclaration politique des huit ministres du Front de libération nationale a accentué la crise qui sévit au sein de ce parti. C'est au sein du groupe parlementaire à l'Assemblée populaire nationale que la situation est la plus critique. En effet, ces derniers mois, Abdelaziz Belkhadem a perdu totalement tout contrôle sur les structures du FLN, de la base (kasmas et mouhafadas) jusqu'aux plus hautes instances (comité central et bureau politique). Depuis mercredi, il ne peut plus revendiquer une quelconque représentativité au sein du gouvernement. Donc, aujourd'hui, l'essentiel de sa stratégie s'appuie sur le groupe parlementaire à l'Assemblée. Lundi dernier, suite à la première initiative des trois ministres — Amar Tou, Tayeb Louh et Rachid Harraoubia — Belkhadem avait organisé une rencontre au siège du parti pour obtenir le soutien des députés. Mais voilà, depuis la sortie des huit ministres, certains élus sont montés au créneau pour dénoncer une «manipulation ». «Nous sommes victimes d'une manipulation orchestrée par le président de notre groupe parlementaire. Dans l'invitation qui nous a été adressée pour assister à la réunion de lundi, il avait précisé que l'ordre du jour serait consacré à la position du parti vis-à-vis du projet de loi sur les hydrocarbures. Mais sur place, le débat a tourné autour du soutien à Abdelaziz Belkhadem », précise un député qui a requis l'anonymat. Selon lui, plusieurs élus accusent Tahar Khawa, actuel président du groupe parlementaire, de les avoir dupés. En réponse à ces accusations, Khawa a rendu public, jeudi, un document «pour lever toute ambiguïté » à propos du communiqué final qui a sanctionné la réunion de lundi dernier. «Le communiqué qui a été rendu public était en fait un projet de communiqué concernant la position des députés du Front de libération nationale vis-à-vis de la conspiration qui vise le parti et sa direction. Ce projet de texte avait été étudié lors de la réunion des membres du Parlement qui s'est tenue au siège du Front de libération nationale le 7 décembre 2012», note Tahar Khawa. Pour apporter la preuve de ses dires, le président du groupe parlementaire a adressé à la presse la liste des parlementaires présents lors de cette rencontre organisée en décembre. Mais voilà, la situation a totalement changé ces dernières semaines.
Amar Tou et le candidat de l'Est
Rencontré jeudi dans son bureau, Tahar Khawa estime que les adversaires de Abdelaziz Belkhadem exigent son départ car il a officiellement annoncé son soutien à un quatrième mandat en faveur de Abdelaziz Bouteflika. Voici ses explications. «Les ministres qui ont pris position contre le secrétaire général du FLN se divisent en deux catégories. Il y a d'abord un groupe de trois ministres aigris. Ce sont eux qui sont passés à l'offensive en premier. Ce groupe est dirigé par un ministre qui ambitionne de devenir secrétaire général du FLN lors de la prochaine session du comité central puis de se présenter aux présidentielles de 2014. Il est soutenu par un ministre de l'Est qui espérait devenir président de l'Assemblée mais qui reste persuadé que Abdelaziz Belkhadem est la cause de son échec. Le troisième ministre est l'homme de confiance de celui qui rêve de devenir président de la République», indique Tahar Khawa en évitant de citer les noms des membres du gouvernement. Mais on comprend aisément que le premier groupe est formé de Amar Tou, Rachid Harraoubia et Tayeb Louh. Et qu'en est-il du second groupe ' «Les cinq autres ministres roulent tous pour un candidat de l'Est. Ils sous-traitent discrètement pour cet homme qui envisage de se présenter à l'élection de 2014», assure le président du groupe parlementaire du Front de libération nationale à l'Assemblée populaire nationale. Ali Benflis ou Mouloud Hamrouch ' Tahar Khawa a refusé, là encore, de citer le nom de ce «candidat de l'Est». «Ceux qui sont contre un quatrième mandat en faveur du président Abdelaziz Bouteflika savent qu'ils doivent déloger au plus vite Abdelaziz Belkhadem de la direction du FLN.» Selon Khawa, Belkhadem se dit prêt à mettre en jeu son mandat le 31 janvier à l'occasion de la session du comité central. «Il s'engage à s'en remettre à l'urne, en toute démocratie. Si les membres de l'instance souveraine du parti décident qu'il doit partir, il partira. Mais si le comité central décide qu'il doit rester, il faudra s'attendre à un grand nettoyage dans les rangs du parti.»
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Posté Le : 12/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : T H
Source : www.lesoirdalgerie.com