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FLN L'appareil des coups d'Etat et des fausses victoires Actualité : les autres articles



Il a longtemps refusé de croire que le «coup d'Etat scientifique», marque de fabrique du parti pour l'élimination de ceux qu'on désire voir partir, lui soit un jour réservé. Et cela malgré les avertissements de ses proches.
Pour Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, le président de l'Etat et président d'honneur du parti, son ami, comme il aime à le rappeler à ses interlocuteurs, ne peut pas rester insensible à ce qui lui arrive. Lui qui a été son ministre des Affaires étrangères, son Premier ministre et son représentant personnel. Lui qui a accepté de mener la bataille contre le «félon» Ali Benflis entre 2003 et 2005, pour reprendre en main le parti, tenter de le sortir de l'orbite présidentielle, attend désespérément que Abdelaziz Bouteflika sorte de son silence à la veille d'un vote crucial pour son avenir à la tête du parti. «Il a longtemps attendu un mot du président. Un signe qui viendrait le conforter contre ses opposants. Mais ce geste n'est jamais venu, raconte un membre discret du bureau politique du parti.
Il a tardivement compris que le Président ne viendrait pas à son secours et que la machine pour le sortir était lancée. Quand les huit ministres du gouvernement ont publié une déclaration demandant son départ (le 9 janvier, ndlr), il a compris qu'il était désormais seul.» Pour un autre membre du comité central, le silence du Président s'expliquerait plutôt par son refus de s'impliquer dans la bataille. «Le Président se fout de ce qui se passe au FLN. Il ne voulait même pas être nommé président d'honneur. Il a été contraint de l'accepter», rappelle-t-il en résumant une autre réalité : «Belkhadem ne correspond plus à ce que les clans ont décidé de mettre en place pour donner l'illusion d'une nouvelle dynamique politique.»
Trahison
Dans la nouvelle configuration qui s'annonce, «BarbeFLN», surnom du patron du parti, jugé trop proche des thèses conservatrices, devrait revenir dans le giron «nationaliste». «Il y a une cause commune entre les différents cercles du pouvoir, estime Rachid Grim, politologue. On a décidé de repositionner le parti en vue du quatrième mandat du Président. D'autre part, l'entourage de Abdelaziz Bouteflika est obnubilé par la peur de la trahison, que j'appelle le syndrome «Benflis». Belkhadem a eu le malheur de laisser entendre qu'il se verrait bien candidat en 2014. Cette confidence est largement reprise contre lui par ses adversaires pour le décrédibiliser aux yeux du Président.» Le patron du FLN l'a bien compris et tente depuis un certain de temps de dénoncer une campagne de mensonges et de dénigrement à son encontre. «Il y a parmi mes adversaires des personnes qui veulent entretenir un conflit avec le Président», a- t-il lâché mardi à la télé tunisienne Nessma. Pourtant, le natif d'Aflou peut se prévaloir d'un bilan plutôt positif à la tête du parti. Le FLN avait réussi à déjouer les pronostics lors des élections législatives du 10 mai et obtenir plus de 210 sièges sur les 462 que compte l'Assemblée nationale, demeurant ainsi la première force politique du pays. Il avait récidivé aux élections locales. Ces deux performances, qui devaient lui permettre de conforter sa mainmise sur le parti et écarter ses adversaires, n'ont en fait que raviver la campagne pour demander son départ.
Foudre
«Le problème, c'est que ces deux victoires ne peuvent pas lui être attribuées, estime Kamel Bouchama, ex-ministre et ancien membre permanent du comité central. Car la campagne menée par le parti était médiocre. En réalité la victoire aux législatives est essentiellement due au discours prononcé par le président Bouteflika, à Sétif. Cette intervention a été importante pour dynamiser la participation. Le Président a donné un sacré coup de pouce au parti.» Au cours des deux dernières décennies, les trois prédécesseurs de Abdelaziz Belkhadem ont eu, eux aussi, à subir le fameux «coup d'Etat scientifique», cher à Abdelkader Hadjar, actuel ambassadeur à Tunis et surtout «maître en basse besogne quand il s'agit de mettre en place une campagne de déstabilisation et organiser une fronde au sein des instances du parti», dixit un membre du bureau politique. Abdelhamid Mehri en 1996, Boualem Benhamouda en 2001 et Ali Benflis en 2004, ont tous les trois subi les foudres de la base ou de l'appareil pour avoir pris leurs distances avec le pouvoir et revendiqué une autonomie du parti à l'égard du système ou bien manifester une ambition péronnelle affichée ou supposée. «On peut aussi ajouter Mohamed Chérif Messaâdia, estime Kamel Bouchama. Il a été sacrifié par le système après les émeutes d'Octobre 1988. En le faisant partir, l'entourage du Président voulait lui faire porter le chapeau des événements.» Tous ces événements s'expliquent par la proximité du parti avec le pouvoir.
Sant'Egidio
Parti de l'indépendance, le Front de libération nationale était censé, au départ, fédérer toutes les forces nationalistes engagées dans la lutte contre l'occupant. Mais le parti va rapidement devenir après 1962 un appareil politique au service du système. Il deviendra un simple instrument pour le compte du clan dominant. «Le parti s'est toujours tenu à proximité immédiate du pouvoir, admet un ancien membre du comité central. Depuis 1962, il a un rôle de recrutement, d'où son importance pour l'évolution des carrières. Que ce soit pour faire des affaires ou obtenir un poste politique, nul ne peut espérer y parvenir sans se prévaloir de la couverture du parti. D'autre part, le FLN n'arrive toujours pas à sortir du discours de 1954. Il est conscient qu'il est contraint de se moderniser, s'il veut espérer continuer à jouer un rôle central dans la vie politique nationale.
En même temps il ne sait pas comment le faire et surtout il a peur de perdre de son pouvoir si jamais il s'éloignait du centre de décision. Le FLN a vécu une telle expérience en 1992 lors des élections remportées par le FIS. Abandonné par le système, il a sombré.» Pourtant, le parti tentera une tentative d'émancipation. Une seule fois. Elle se fera avec Abdelhamid Mehri, après le départ du président Chadli en 1992 et durera trois années. Le parti avait, à l'époque, rejeté l'interruption du processus électoral par l'armée. Il avait par la suite signé en 1995, en compagnie du Front islamique du salut et du Front des forces socialistes un contrat politique à Sant'Egidio. «Ce fut la seule fois où le FLN a tenté de devenir un vrai parti politique, émancipé de ses liens trop étroits avec le pouvoir, estime un ancien membre du comité central. Un parti qui échappe à la logique des clans. Malheureusement cette expérience a été de courte durée car le parti est rapidement rentré dans les rangs.»


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