FLN : IL LE QUALIFIE OUVERTEMENT D'OPPORTUNISTE Belkhadem allume Ouyahia

Abdelaziz Belkhadem voulait une démonstration de force et il l'a obtenue. Du moins, en apparence, sous la forme d'un gigantesque meeting, organisé hier à la coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf par le FLN, à l'occasion de la fête nationale du 1er Novembre.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Le parti a mobilisé pour la circonstance tous ses réseaux tant partisans qu'institutionnels pour faire le plein. Et ce sera devant douze mille personnes que s'ouvrira ce show aux relents d'une véritable campagne électorale. «Nous avons sciemment opté pour une assistance hétérogène. On y trouve des jeunes et des moins jeunes, des chômeurs, des casseurs, des étudiants, des cadres, etc» nous explique un membre influent du parti. «C'est un message à trois destinataires distincts : la France officielle, les décideurs algériens et la classe politique, notamment ceux qui veulent envoyer le FLN dans un musée.» Après le cérémonial d'usage, Belkhadem entame son discours fleuve, près de deux heures en fait. Une bonne partie était consacrée à l'histoire du pays. L'assistance n'était apparemment pas «accrochée» par ce discours, elle qui désemplissait manifestement les tribunes de l'imposante Coupole, à mesure que le SG du FLN égrenait les innombrables épopées de l'histoire du peuple algérien. «Nous disons à la France que nous demeurons sur notre position. Elle doit reconnaître ses crimes coloniaux et demander pardon au peuple algérien.» Belkhadem saisira l'occasion pour rappeler les positions classiques du FLN sur cette question. Ce n'est que vers la fin de son intervention qu'il abordera l'actualité brûlante. Du parti comme du pays. Dans son propos, deux cibles en particulier. Le Mouvement des redresseurs bien sûr, mais aussi le RND du Premier ministre Ahmed Ouyahia. C'est, contre toute attente, Ouyahia qui sera pris à partie plus que Goudjil et son mouvement ! «Nous le disons ici, publiquement, que nous sommes avec les réformes du président que nous avons soutenues et que nous soutenons sans la moindre réserve. Ces réformes-là, nous ne les avons pas découvertes, au FLN. Nous n'avons pas été surpris par ces réformes comme certains mais, au contraire, nous avons été les premiers à les suggérer.» Allusion faite aux redresseurs qui l'accusent de vouloir faire avorter les réformes de Bouteflika. Des redresseurs qu'il qualifie «de simples agitateurs». «Les agitations de certains et qu'amplifient certaines plumes ne sont nullement motivées par des considérations politiques mais simplement par des calculs bassement personnels, d'intérêts. Ces gens-là ne peuvent pas atteindre leurs objectifs et j'appelle tous les militants du FLN à unir leurs rangs et affronter, la main dans la main, les prochaines échéances électorales», assénera encore Belkhadem avant de surprendre par cette sortie : «Je me demande pourquoi, à la veille de chaque rendez- vous important, c'est le FLN qui est ciblé (….) Pourquoi certains, qui avaient pourtant été au pouvoir, ont partagé le pouvoir, n'ont jamais été ciblés ' Ces gens-là ont pourtant consacré la corruption et l'opportunisme. Nous, nous n'avons pas attendu le jour où les vents changent de direction pour prendre le train de la réconciliation nationale, juste par opportunisme, juste pour garder des postes.» Une très forte charge contre le RND et Ahmed Ouyahia annonçant un duel certainement chaud lors des futures joutes électorales.
Les redresseurs étaient à Aïn Oussera
Pratiquement au même moment où Belkhadem haranguait ses foules à Alger, les redresseurs entamaient, eux, leur campagne de sensibilisation pour la convocation d'un congrès extraordinaire du FLN à partir de Aïn Oussera, dans la wilaya de Djelfa, de cet endroit même où, en 2003, les redresseurs de l'époque ont proclamé Belkhadem comme leur chef ! Hier, l'ancien ministre Abderrachid Boukerzaza, l'ancien membre du bureau politique Abdelkrim Abada et l'ancien vice-président de l'APN, Bachir Chara, ont en effet animé la première d'une série de rencontres que les redresseurs comptent organiser à travers plusieurs wilayas.