Algérie

FLN : de quoi sera fait demain '



«Le FLN gouvernera encore durant les 100 ans à venir.» C'est ainsi que l'inénarrable Djamal Ould Abbès toisait son auditoire lors d'un meeting, il y a exactement deux ans, au moment où le FLN montrait les muscles aussi bien à ses amis de l'Alliance présidentielle qu'au reste du pays à l'occasion des élections législatives de 2017.Depuis, tout le monde sait ce qu'il est advenu du personnage qui, en fait, durant son passage à la tête du FLN, comme celui qui le précédait d'ailleurs, n'a réussi qu'à exacerber le ressentiment que beaucoup d'Algériens éprouvaient à l'égard du parti au pouvoir et de son discours centré outrageusement sur le culte voué à la personnalité de l'ex-président de la République. Depuis, donc, c'est un tout autre genre de responsable que le parti a intronisé à sa tête. Moad Bouchareb, un responsable d'une autre nature, mais pas beaucoup moins porté sur les formules du genre qui n'attirent pas que les amitiés, notamment depuis ces dernières semaines, avec comme point d'orgue le discours d'Oran, tenu le lendemain de la première grande manifestation du mouvement populaire, le 22 février dernier. Un discours qui n'a eu comme don que celui de consommer la fracture entre le parti FLN et une bonne partie des Algériens qui ne manquent pas, chaque vendredi depuis sept semaines maintenant, de livrer le fond de leur pensée sur ce qui doit être fait du parti aux commandes du destin du pays depuis toujours.
Des Algériens dont beaucoup, encore aujourd'hui, n'en reviennent pas que le vieux FLN soit toujours dans le paysage politique après maints et maints accidents de l'Histoire qui ont failli l'emporter, comme c'était le cas lors des douloureux événements d'Octobre 1988. Mais, rompu à tous les coups et porté par de vieux roublards parmi ceux qu'a produits le système politique depuis l'indépendance, le FLN a su traverser les houles les plus vertigineuses pour revenir au centre du pouvoir de décision. Au centre du pouvoir, mais en réalité comme un outil pour conférer aux maîtres qui en prenaient les commandes un plus de cette légitimité historique dont usent et abusent à tout-va les rescapés de la guerre d'indépendance qui sortent le bouclier FLN à chaque anicroche pour repartir de plus belle dans leur carrière politique. Comme c'était le cas d'ailleurs avec le retour de Bouteflika qui a tout fait pour mettre entre parenthèses l'idée avancée notamment durant le court règne du regretté Mohamed Boudiaf, lorsque était évoquée la mise au musée du sigle FLN, en tant que patrimoine national.
Aujourd'hui, au regard de ce que subit le parti de l'intérieur, avec la montée au créneau, dès le début du mouvement populaire, d'un groupe de mouhafedh qui se sont ouvertement prononcés contre la structure provisoirement installée pour diriger le parti, et, bien entendu, ce qu'a provoqué comme incertitudes le départ de Bouteflika dans les structures dirigeantes du FLN, il y a tout lieu de croire que, cette fois, c'est plus que des lendemains incertains que le vieux parti se retrouve en train de vivre. Et puis, tout ce qui secoue le parti de l'intérieur n'est rien, en fait, comparé à ce que les manifestants du vendredi et des autres jours de semaine brandissent comme leitmotiv, comme slogans parmi les plus visibles : le départ du système et de ce qui l'incarne, à commencer par le FLN et, par ricochet, toutes ses organisations satellites dont quelques dirigeants vivent des moments extrêmement difficiles, du moins ceux qui n'ont pas eu recours au? retournement de vestes, lorsqu'ils ne se font pas tout petits jusqu'à ne plus les entendre. C'est dire si la crise d'Octobre 1988, pourtant terrible pour le parti, prend désormais des allures de récréation comparée à ce qu'est en train de vivre le FLN en ce moment, à l'instar d'ailleurs de tout le système auquel il a participé grandement à donner naissance.
Azedine Maktour


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