Algérie

Flash-back soixante-huitard



Flash-back soixante-huitard
L'un est Mister «cinéma» algérien. L'autre est plasticien. L'un a l'?il design. L'autre se voit en peinture. Deux grands esprits qui se rencontrent. Pas d'ego ni prétention. Au contraire. Des pairs, deux «pères» et compères se donnant la réplique pour un flash-back soixante-huitard cinématique.Ahmed Bedjaoui, le Mister (et non pas mystère) «cinéma» algérien, celui qu'on ne présente plus, l'enfant terrible de la télévision, journaliste, critique, auteur, conseiller, producteur et enseigant, et Denis Martinez, l'un des fondateurs du fameux groupe Aouchem - comme la factory new yorkaise d'Andy Warhol, n'ont fait ni figuration ni leur «cinoche». Ils ont planté le décor ou encore leur plateau au Bastion 23, samedi soir. Une exposition baptisée «Au c?ur des années 60', mémoire d'une rencontre entre Denis Martinez et Ahmed Bedjaoui autour d'un projet commun». Un titre ? pour ne pas dire un statut ? long attestant de la longévité artistique du tandem Bedjaoui-Martinez.Cette exposition proprement dit offre en fait un travelling nostalgique d'une belle époque d'une Algérie soixante-huitarde, progressiste, la Mecque des révolutionnaires et autres anti-impérialistes. Il s'agit d'un prolongement ou encore d'une extension de l'ouvrage de très bonne facture, signé aux éditions Chihab, intitulé Images et visages au c?ur de la bataille de Tlemcen, cosigné avec Denis Martinez. Un livre retraçant la révolution, la résistance, le nationalisme d'un peuple entier, le Colonel Lotfi, un stratège de la guérilla urbaine, Tlemcen?La rencontre, la collaboration créative entre Ahmed Bédjaoui et Denis Martinez est immortalisée par des instantanés nostalgiques et résolument mnémoniques célébrant l'Algérie post-coloniale et avide de culture. L'idée de cette exposition en 2011, en découvrant cette débauche documentaire du travail élaboré en commun sur des films. «Les années 1960 en Algérie, la culture était dans la rue et non pas dans les bureaux. Dans La Casbah, dans les artères d'Alger.Le c?ur de la capitale battait au rythme de la Cinémathèque, le Théâtre national algérien, les Galeries algériennes ou encore la rédaction d'El Moudjahid où je travaillais. Ce n'était pas loin. Vous pouviez rejoindre ces lieux en 10 minutes. Cela se passait dans un mouchoir. Vous pouviez croiser l'acteur et réalisateur Mohamed Zinet, le grand peintre M'hamed Issiakhem, l'illustre poète Djamal Amrani, Momo, le comédien éperdument épris d'El Bahdja? On vivait ensemble.La culture n'était pas planifiée et embastillée. Il y avait cette liberté en errance? Un jour, jadis, la culture en Algérie était dans la rue. On n'a aucune amertume ! C'est irremplaçable ! On a vécu vite et fort. Pour vous dire que cela existait. On aimait l'Algérie sans ostentation ni exhibition de banderoles. On avait un rêve. Et ce rêve ne nous a jamais quitté?», se souviendra avec force Ahmed Bedjaoui. Aussi, l'exposition «Au c?ur des années 60', mémoire d'une rencontre entre Denis Martinez et Ahmed Bedjaoui autour d'un projet commun» fleure bon l'univers pittoresque de La Casbah, «l'aura» des lieux mythiques d'Alger comme la Cinémathèque algérienne, le noir et blanc, les couleurs chatoyantes du «Pop Art» très cher à Andy Warhol, des réminiscences cinéphiles, musicales et voire sociétales.Une «story-telling» convoquant la mémoire de Youcef Chanine, Cheikh M'hamed El Anka, Ahmed Wahbi, Khedda Alloula, le Festival panafricain de 1969, Abdelkader Alloula, Aboubekr Belkaïd, Jean Sénac... Des affiches, des posters, des portraits, des extraits, des tableaux, des toiles ou des photos comme celle du tournage du film Z de Costa Gavras où Ahmed Bedjaoui était assistant.Ou encore un pan d'histoire illustré par cette affiche des Blacks Panthers Party, n'ayant pas pris aucune ride, où l'on voit Hey P. New, ministre de la Défense, armé. A l'époque du «black is beautiful», du cinéma «Blaxploitation» et de l'engagement légendaire d'Angela Davis. «Les générations qui arrivent ne sont pas au courant de ce qui s'est passé au lendemain de l'indépendance. Elles peuvent penser que rien ne s'est passé. C'est pourquoi les témoignages sont si importants pour réveiller les mémoires?», Souligne Denis Martinez.




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