Algérie

Flambée des prix Les partis peuvent-ils quelque chose ?



Face à la flambée des prix de première nécessité, les pouvoirs publics, tout comme la classe politique tardent à réagir. Cela n'est pas sans susciter un sentiment d'inquiétude au sein de la population «désabusée», et qui se sent aujourd'hui presque abandonnée à son sort. Des citoyens n'hésitent pas, aujourd'hui, à dénoncer ce qu'ils qualifient d'attentisme et parfois même de laxisme des pouvoir publics face à une paupérisation qui touche de plus en plus de monde. Cela risquerait à terme, de généraliser le sentiment d'indifférence de ces catégories à l'égard des affaires publiques et leur désengagement de la vie politique (adhésion aux partis politiques, élections etc...). En moins de trois mois, les prix de certains produits de large consommation ont doublé, pénalisant les consommateurs. Les répercussions sur le pouvoir d'achat ne concernent pas uniquement les bas revenus mais, touchent aussi les classes dites moyennes, tout aussi menacées par la paupérisation. Pour juguler la hausse des prix des produits de large consommation, le ministère du Commerce avait proposé, en septembre dernier, la création d'offices professionnels, ainsi que d'un fonds national de régulation des prix, chargé de faire face aux fluctuations des prix et d'amortir les chocs induits par la hausse vertigineuse des prix de certains produits sur les marchés extérieurs. Depuis, la situation ne semble pas avoir changé d'un iota. Pire encore, la flambée des prix semble aujourd'hui faire tache d'huile, puisque presque aucun produit n'est épargné. Lait, semoule, tomate concentrée, huile, légumes secs, oeufs, sont aujourd'hui devenus presque des produits de luxe. Plus que des promesses pré-électorales et des discours de campagne, le citoyen attend de «ses représentants» politiques dans les différentes assemblées, des actions concrètes qui inciteraient les pouvoir publics à prendre les mesures qui s'imposent et partant favoriseraient un retour à la normale. Contrairement à toutes les lois qui régissent les fluctuations du marché, le citoyen constate la mort dans l'âme, que l'augmentation vertigineuse des prix de certains produits, tend à se banaliser. Il y a certes une condamnation unanime de la classe politique, mais est-ce suffisant pour rassurer une population qui subit de plein fouet les retombées de cette flambée des prix. «Le FLN est l'un des partis qui aspire à améliorer le pouvoir d'achat des citoyens, malheureusement à chaque fois qu'il y a une augmentation des salaires, cela s'accompagne par une augmentation des prix de large consommation», affirme Saïd Bouhadja, porte-parole du FLN. Pour le représentant de l'ex-parti unique, quand on dépend des importations on ne peut être à l'abri des problèmes d'approvisionnement. «Cette situation est mise à profit par certains hommes d'affaires pour qui l'augmentation des prix des produits de consommation tend à compenser les augmentations des salaires» ajoute M. Bouhadja. Le porte-parole du FLN plaide dans ce sens pour la mise en place de mécanismes susceptibles de protéger le consommateur. «Les facteurs conjoncturels n'expliquent pas tout, il y a aussi les raisons structurelles qui constituent un démultiplicateur évident des tensions d'où la nécessité de ces mécanismes», indique M. Bouhadja. Et d'ajouter que la question de la hausse des prix sera l'une des priorités des députés et sénateurs du FLN, qui exposeront le problème au niveau des deux chambres. Les partis contactés se défendent de ne pas avoir réagi face à la situation. Le RND, par le biais de son porte-parole, Miloud Chorfi, affirme que son parti a été clair sur ce dossier. «Il n'y a pas un discours du secrétaire général M. Ouyahia, où il n'est pas fait allusion à la flambée des prix et leur impact sur le quotidien du citoyen. Nous avons toujours appelé le gouvernement à se pencher sur cette situation et à prendre les mesures qui s'imposent», affirme M. Chorfi. Sur les raisons de cette «perpétuelle» hausse, notre interlocuteur a indiqué qu'en dehors de fondamentaux économiques, il faut dire aussi que la hausse des prix est aujourd'hui alimentée par la spéculation.» Nous sommes tout aussi inquiets que le citoyen. La spéculation est un défi supplémentaire qui interpelle les pouvoirs publics pour affirmer l'autorité de la loi, imposer les règles de la transparence et de la concurrence, protéger le consommateur», ajoute le porte-parole du RND, qui signale qu'il s'agit d'un point important qui sera inscrit à l'ordre du jour de la neuvième session du Conseil national du RND prévu les 13 et 14 décembre. «Des décisions importantes seront prises sur ce dossier à l'issue de cette session», conclut M. Chorfi. Pour le MSP qui forme avec les deux autres partis cités, la coalition présidentielle, le marché dépend essentiellement du marché mondial, d'où la nécessité d'encourager la production nationale et l'investissement. «La solution réside dans la production nationale, et notamment la création et la promotion de l'entreprise algérienne», indique M. Mokri responsable au sein du MSP. Et d'ajouter que cela représente certes des difficultés supplémentaires, mais cela donne aussi une perspective nouvelle aux politiques agricoles et industrielles qui vont devoir relever le défi de la production et de la diversification des produits. «Nous avons certes besoin d'outils de régulation et de protection, mais il va falloir surtout produire davantage, efficacement et durablement», précise M. Mokri. Outre la production nationale, notre interlocuteur affirme que l'action politique en Algérie est loin de la réalité économique. «La cause est qu'il n'y a malheureusement pas une alternance au pouvoir. Cela inciterait les partis politiques au pouvoir, à proposer leurs alternatives, en adaptant leurs programmes aux changements que connaît le monde», conclut M. Mokri. Enfin pour le parti des travailleurs (PT), M. Djoudi rappelle que la question liée au pouvoir d'achat des citoyens a toujours été l'une des préoccupations majeures du parti. «Nous avons fait des propositions lors des débats autour de la loi des finances pour, d'un côté, l'augmentation du salaire de base, et de l'autre, l'amélioration des conditions de vie des citoyens, malheureusement nos propositions n'ont pas été retenues», dit M. Djoudi. Ce dernier insiste d'ailleurs sur la nécessité d'un soutien de l'Etat aux produits de première nécessité, indiquant que sa formation politique adhère à l'idée de créer des offices pour une meilleure gestion de certains produits de base.


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