Algérie

Flambée des prix du ciment : Quand la spéculation échappe à tout contrôle



Décidément, le marché des matériaux de construction échappe à tout contrôle. La spéculation est maîtresse des lieux, au moment où l'on affiche, presque à tous les niveaux, une disponibilité des différents matériaux, des plus courants à ceux qualifiés de nobles. Le ciment, ce matériau de base, au demeurant disponible au niveau des cimenteries, notamment celles du centre du pays et à travers tout le réseau de distribution des matériaux de construction, demeure néanmoins trop cher. Les prix ont atteint ces dernières semaines un pic jamais égalé. « Même lors des grandes pénuries connues, notamment l'année dernière quand certaines cimenteries, à l'instar de celle de Sour El Ghozlane, étaient complètement ou en partie à l'arrêt, les prix de ce matériau n'ont pas atteint ce niveau », nous dit Aziz, un entrepreneur de Bouira. En effet, une virée du côté des revendeurs de ciment nous a amplement renseignés sur l'augmentation des prix. Ainsi, alors que l'année passée lors de la pénurie de juin et juillet, le quintal de ciment était cédé à 1200 DA, cette année, il est affiché à plus de 1500 DA. La quantité ne compte pas, puisque, à en croire nos interlocuteurs, « le ciment est disponible ». La tension qui s'exerce sur ce matériau ne peut être justifiée que par la prédominance des circuits de l'informel. « Comme le marché de l'immobilier et de la construction est toujours au centre de gros enjeux financiers, les matériaux de construction, un marché subsidiaire, n'est pas à l'abri des spéculations les plus sordides », nous explique un ancien inspecteur de la concurrence et des prix. Delilèche Abdelouahab, chef de service contrôle de la DCP de Bouira, nous révèle que rien qu'en 2010, pas moins de 8 infractions ont été enregistrées dont, initialement, celles inhérentes à la revente en l'état du ciment par des constructeurs. L'autre facteur relevé est l'existence d'opérateurs non localisés dont l'identité est inconnue.Des enquêtes sans résultatSelon notre interlocuteur, les différentes investigations effectuées ont révélé l'existence de 16 cas recensés depuis l'année écoulée au niveau de la wilaya. Belkacem Ezzine, chef de la brigade de contrôle au niveau de l'ERCC de Sour El Ghozlane, nous dira qu'une opération d'assainissement a été initiée, depuis l'année dernière, par les services de la DCP de Bouira, en collaboration étroite avec la direction de la cimenterie. Laquelle opération a conduit à la mise en cause de plusieurs opérateurs accusés d'avoir versé dans le commerce informel. Conséquemment, pas moins de 250 opérateurs ont vu leurs approvisionnements suspendus. Des sources proches du dossier affirment que la plupart des mis en cause ne sont pas originaires de la wilaya de Bouira, ce qui prouve que les réseaux de trafic du ciment sont tellement foisonnants qu'ils ont des ramifications à grande échelle. Les différentes enquêtes menées, ainsi que les opérations de contrôle dites systématiques, diligentées par les DCP des différentes wilayas, n'ont visiblement aucun impact sur le prix du ciment. En conséquence, ce sont les petits entrepreneurs et autres citoyens, notamment ceux bénéficiant des aides de l'Etat dans le cadre de l'autoconstruction, qui paient le prix fort. « Nous travaillons presque à perte puisque nous sommes obligés de payer au prix fort ce matériau, car les autorités ne badinent plus avec les délais », nous dira Rachid, entrepreneur de son état.Pour lui, les petites entreprises sont les plus touchées car travaillant moyennant des prix dérisoires et acculés par des délais souvent très courts. Les spéculateurs semblent bien tirer profit de ces conditions. Avec la suppression de la vente libre au niveau des cimenteries, les revendeurs se trouvent contraints de s'approvisionner sur le marché parallèle. Les organismes chargés de la distribution, à l'instar des Edimco et de la Sodismac (filiale de l'ERCC), n'arrivent toujours pas à assurer la disponibilité de ce matériau. Les lenteurs administratives sont ainsi désignées comme étant à l'origine de cette crise et les professionnels du secteur souhaitent voir les opérations de distribution simplifiées. Rien ne semble présager d'une telle perspective, cependant. L'augmentation des prix du ciment échappe à toute logique économique. L'arrivée de l'été, connu pour la prolifération des chantiers de construction, induisant par là une forte demande sur les matériaux de construction, ne fera qu'augmenter les prix à des seuils inédits, préviennent les initiés.


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