Algérie

Flambée des prix des matériaux de construction



Flambée des prix des matériaux de construction
Les prix des matériaux de construction ont atteint ces dernières semaines dans la wilaya de Bouira un pic jamais égalé. Décidément, le marché des matériaux de construction échappe à  tout contrôle. La spéculation devient la maîtresse des lieux, au moment où l'on affiche, presque à  tous les niveaux, une disponibilité jamais égalée des différents matériaux, des plus courants à  ceux qualifiés de nobles.
Le ciment, ce matériau de base au demeurant disponible au niveau des cimenteries, notamment celles du centre du pays, et à  travers tout le réseau de distribution des matériaux de construction, demeure néanmoins imprenable. Les prix ont atteint ces dernières semaines un pic jamais égalé. «Même lors des grandes pénuries connues, notamment l'année dernière, quand certaines cimenteries, à  l'instar de celle de Sour El Ghozlane, étaient complètement à  l'arrêt ou en partie, les prix de ce matériau n'ont jamais atteint ce cap», nous dira Aziz, un entrepreneur de Bouira. En effet, une virée du côté des revendeurs de ce matériau nous a amplement renseignés sur l'augmentation des prix. En effet, et alors que l'année passée, lors de la pénurie (juin et juillet) le quintal de ciment était cédé à  1200 DA, cette année le quintal est affiché à  plus de 1500 DA. La quantité ne compte pas, puisque, à  en croire nos interlocuteurs, «le ciment est disponible, mais à  quel prix !» Cela dit, la tension qui s'exerce sur ce matériau ne peut àªtre justifiée que par la prédominance des circuits de l'informel.
Qui sont donc ces gens-là qui ont la main basse sur ce circuit ' Voilà une question qui taraude les esprits des citoyens et autres promoteurs immobiliers obligés de se plier devant la volonté de ces manias du ciment. «Comme le marché de l'immobilier et de la construction est toujours entre les mains de gros bonnets ayant le bras long, les matériaux de construction, un marché subsidiaire, ne pourra àªtre à  l'abri des spéculations les plus sordides», nous explique un ancien inspecteur de la concurrence et des prix. Selon notre interlocuteur, requérant l'anonymat, «la disponibilité de certains matériaux, comme c'est le cas du ciment, ne bénéficie qu'à une poignée de gens qui ont de l'influence. Ceux-là ont la possibilité de se faire livrer en quantité et sans contrôle aucun, alors que ceux qui sont moins influents et porteurs de projets de surcroît, se trouvent obligés de passer par les services de ces petits trafiquants». Pourtant, faut-il le rappeler, et rien qu'au niveau de la cimenterie de Sour El Ghozlane, une opération mains propres a bel et bien été initiée l'année dernière par les services de la DCP de la wilaya de Bouira. Laquelle opération ayant conduit à  la mise en cause de pas moins de 150 promoteurs et autres entrepreneurs accusés d'avoir versé dans le commerce de l'informel.
Des sources proches du dossier affirment que la plupart des mis en cause ne sont pas originaires de la wilaya de Bouira, ce qui prouve que les réseaux de trafic du ciment sont tellement foisonnants qu'ils ont des ramifications dans toutes les régions du pays. Pour cela, il ne faut pas s'étonner lorsqu'on trouve du ciment produit à  Bouira, par exemple, livré à  l'est ou à  l'ouest du pays. Et vice-versa. Ainsi, si les autorités compétentes peinent à  trouver une issue à  cet engrenage de la spéculation, même en faisant recours à  l'importation à  coup de milliards, les citoyens les plus touchés s'interrogent sur l'efficacité des mesures prises jusque-là.
Les différentes enquêtes menées, ainsi que les opérations de contrôle dites systématiques diligentées par les services de la concurrence et des prix des différentes wilayas, n'ont visiblement aucun impact sur le marché du ciment. Conséquemment à  cela, ce sont  les petits entrepreneurs et autres citoyens, notamment ceux bénéficiant des aides de l'Etat dans le cadre de l'auto-construction qui paient le prix fort. «Nous travaillons presque à  perte, quand nous sommes obligés de payer un prix fort pour l'acquisition de ce matériau, car les autorités ne badinent plus avec les délais», nous dira Rachid, entrepreneur de son état. Pour lui, les petites entreprises sont les plus touchées, car travaillant moyennant des prix dérisoires et acculées par des délais souvent très courts. Les spéculateurs semblent bien tirer profit de ces conditions, où l'Etat joue inconsciemment le rôle de bailleur. Autant pour ce qui est de l'auto-construction où d'aucuns affirment que l'on est très loin du compte avec des prix des matériaux souvent dépassant tout entendement humain. «Avec une aide de l'Etat de 700 000 DA, et comparativement aux prix des matériaux de construction, nous ne pouvons même pas construire une baraque», nous dira Ali, un paysan de Aïn Bessem qui reconnaît avoir laissé tomber la construction de son logement dans l'espoir de voir les prix fléchir. Une attente qui risque bien de s'inscrire dans la durée, car rien ne semble présager une telle perspective. L'augmentation des prix du ciment échappe à  toute logique économique. Cela dit, il n'y a que le durcissement des mesures de lutte contre la spéculation qui puisse ramener ce marché à  son état normal. Dans le cas contraire, la situation est plutôt appelée à  s'empirer davantage. La saison d'été connue pour la prolifération des chantiers de construction, induisant par là une forte demande sur les matériaux de construction, ne fait qu'augmenter les prix…    
   


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