Algérie

Fini le syndicat de «la cagnotte»



Depuis l'ouverture démocratique née de la révolte populaire du 5 octobre 1988, le mouvement associatif et les syndicats ne cessent de proliférer comme des champignons.Le mouvement syndical algérien a, depuis ce temps, connu une sorte d'«atomisation» et une autre forme de caporalisation, au nom d'un corporatisme qui a émietté les forces et dénaturé l'action syndicale.
L'autonomie syndicale que beaucoup de crédules croyaient qu'elle allait secréter une dynamique qualitative quant à l'émergence de syndicats revendicatifs, n'a pas été concrétisée comme élément unitaire des forces des travailleurs et leur nécessaire organisation d'une manière efficace et pragmatique à la fois.
L'unité syndicale est une stratégie que tous les syndicats du monde et de par l'histoire ont milité pour sa mise en place comme condition sine quoi non dans la perspective d'asseoir une stratégie cohérente et homogène quant à une action réfléchie et ciblée.
Chez nous et hormis quelques syndicats, la majorité participe dans une espèce de «kermesse» dont l'esprit syndical est dépourvu complètement de sens. Rarement, les syndicats dits «autonomes» ont trouvé un terrain d'entente et consensuel dans le but d'unifier leurs revendications et mettre en oeuvre une plate-forme commune qui concerne les principes fondamentaux de la lutte syndicale et ses revendications. Nous assistons en Algérie à une espèce d'«écuries d'Augias» sur le plan syndical. La pratique syndicale a été galvaudée, la démarche a été dénaturée et déviée de sa trajectoire.
Il n'est pas concevable qu'une kyrielle de syndicats qui se disent autonomes et libres, passent la majorité de leur temps a peaufiner des stratagèmes autour d'un seul volet, à savoir « les oeuvres» sociales». Tout le monde a remarqué cette ruée vers la revendication de la gestion de cette «cagnotte» qui donne le tournis à ces «syndicalistes» qui courent uniquement derrière l'odeur de la rente. Certes, il y a des syndicats qui méritent le respect, ceux-là sont marginalisés, voire court-circuités par des semblants de syndicats dont le souci n'est pas la mise en branle d'une conscience syndicale à l'adresse des travailleurs et leur affranchissement de l'inculture ambiante qui frappe de plein fouet cette classe de salariés. On ne peut pas exiger le renouvellement de la classe politique, alors que les organisations syndicales et la société civile se blottissent dans une spirale d'anomie des plus désolantes et ahurissantes.
Le syndicalisme doit être intimement lié à la cause des travailleurs dans leur quête à améliorer leur situation socio-économique. Jamais les syndicats «autonomes» ont initié des projets et des actions à l'adresse de leurs adhérents pour des formations pédagogiques dans le but d'apprendre les rudiments d'un syndicalisme et ses principes. Hormis quelques syndicats, le reste reproduit les mêmes prismes de leur ancêtre, voire pire qu'elle. Le corporatisme et l'approche «carriériste» ont sabordé l'action syndicale dans son expression de conviction et d'éthique. Le syndicalisme ne devrait jamais verser dans le chantage ou la pression. Certes, il est un moyen idoine pour faire entendre sa voix et ses revendications, mais jamais un moyen perfide pour faire passer des objectifs sordides qui sont, au demeurant, à l'opposé de l'exercice syndical et des intérêts des travailleurs dont leur lutte s'inscrit dans la durée et l'opiniâtreté. Il est temps que le milieu et l'espace syndicaux fassent leur mue et qu'ils se débarrassent des parasites qui n'ont fait qu'écorner davantage le mouvement syndical et ses véritables enjeux dignes de ce nom.Le corporatisme doit être banni, en sachant que cette approche à montré non seulement ses limites, mais elle s'inscrit en porte-à-faux par rapport à la pratique syndicale connue et reconnue de par le monde. L'opportunisme syndical et l'arrivisme doivent être éliminés pour laisser place aux volontés saines et honnêtes de faire preuve d'un travail syndical à même de lui permettre de se réconcilier avec la mobilisation.


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