Algérie

Finance : le retour en force de l'Etat et l'hirondelle Alliance Assurance



En 2010 l'Etat algérien a fait un retour en force dans le secteur financier .Alors qu'il avait semblé relâcher son emprise au cours des dernières années, l'Etat régulateur renforce son contrôle tandis que l'Etat actionnaire impose ses choix. Dans ce paysage dominé par le poids des acteurs publics, quelques opérateurs privés tentent, non sans mal, de se frayer un chemin.

A peine les banques algériennes avaient-elles commencé à digérer l'obligation du recours au crédit documentaire, que le conseil des ministres du 24 août 2010 a apporté de nombreuses modifications à la loi sur la monnaie et le crédit. Ces dernières commencent par confirmer l'application aux banques de la nouvelle législation sur l'investissement étranger. L'Etat algérien se dote en outre d'un droit de regard sur les délibérations au sein des organes dirigeants des banques existantes en s'attribuant pour la première fois une «action spécifique»dans le capital des banques privées. Le reste des mesures adoptées cet été vise à renforcer les missions de contrôle de la Banque d'Algérie. La Banque centrale se voit ainsi confier le pouvoir d'autoriser la mise en place de toute nouvelle prestation à la clientèle ainsi que celui de fixer les rémunérations des prestations. L'ordonnance du 24 août réserve une mention spéciale au suivi rapproché des banques en ce qui concerne les mouvements de capitaux réalisés depuis et vers l'extérieur. Des prérogatives nouvelles qui ont rapidement été mises en application et sont à l'origine, en cette fin d'année, d'une polémique autour des instructions de la Banque d'Algérie datées du 9 décembre dernier et qui visent à contenir la croissance de l'endettement à court terme observé au cours des derniers mois.

Une nouvelle vague d'assainissement financier des entreprises publiques

Le retour de l'Etat se traduit aussi et sans doute principalement par les choix de l'Etat actionnaire qui a imposé aux banques publiques, tout au long de l'année écoulée, le financement d'une nouvelle vague d'assainissement financier des entreprises étatiques. Entre effacements de dettes et crédits à long terme assortis de taux d'intérêts bonifiés, l'opération inaugurée depuis un peu plus d'un an a déjà mobilisé plus de 600 milliards de dinars (plus de 8 milliards de dollars). Résultat, la part des entreprises publiques dans les crédits à l'économie qui était en recul régulier depuis le début de la décennie a de nouveau bondi à près de 58% au cours du premier semestre 2010 selon les chiffres communiqués en octobre dernier par le Gouverneur de la Banque d'Algérie.

Les banques privées dans le collimateur

Dans le sillage de l'augmentation du niveau du capital minimum imposé, fin 2009, par le régulateur algérien, l'accroissement de leurs ressources a placé les 15 banques privées, toutes étrangères, activant sur le marché algérien, dans une situation plus confortable par rapport aux règles prudentielles. C'est ce qui leur permet d'afficher et de réaliser des objectifs ambitieux en matière de développement de leurs réseaux. Dans ce domaine le principal frein au développement de l'activité des banques privées est désormais constitué par les lenteurs de la procédure d'autorisation d'ouverture de nouvelles agences par la Banque d'Algérie. Une situation dont se plaignent la quasi-totalité des opérateurs. Société Générale Algérie se retrouve, à la fin de l'année 2010, avec près d'une vingtaine d'agences entièrement équipées et du personnel recruté dans l'attente du feu vert de la Banque centrale.

 Ces retards qui ont été pendant un temps interprété comme un dysfonctionnement bureaucratique apparaissent de façon croissante comme une démarche délibérée du régulateur algérien du secteur. Pour un cadre de la Banque d'Algérie : «on va assister au cours des prochaines années à un contrôle plus strict de la Banque centrale sur la croissance des réseaux. Les agréments ne seront pas forcément automatiques. Ce contrôle va concerner non seulement l'agrément des nouvelles agences mais également la possibilité pour ces agences d'opérer dans le domaine du commerce extérieur qui donne lieu à une autorisation spécifique».

Partenariat dans les assurances

Le secteur des assurances qui reste dominé par les 3 compagnies publiques enregistre enfin en 2010 la concrétisation des projets de partenariats évoqués depuis plusieurs années. Au début de l'été dernier on apprenait qu'après plus de 18 mois de négociations avec les pouvoirs publics algériens, le groupe AXA, numéro un mondial de l'assurance a finalement conclu un accord avec des partenaires algériens. Il s'agit de créer une filiale dont le capital sera détenu à 49% par l'assureur français et à 51% par des partenaires publics algériens qui sont d'une part la BEA (Banque extérieure d'Algérie), première banque algérienne et d'autre part le Fonds national d'investissement (FNI). AXA assurera le management de la nouvelle entité tandis que les partenaires algériens assureront la présidence du Conseil d'administration. Quelques semaines plus tôt, une première annonce était intervenue qui confirmait la création d'une société d'assurance des personnes avec pour associés principaux la SAA, la BADR et la BDL d'une part et la Macif d'autre part. Avec 34% du capital, la Macif assure le management de la nouvelle compagnie. La compagnie française ouvrait ainsi, la voie en étant la première à s'accommoder de l'obligation faite aux entreprises étrangères de s'associer à un ou plusieurs actionnaires nationaux majoritaires.

Alliance assurance réveille la Bourse d'Alger

Pour clôturer cette revue annuelle par une note optimiste, l'ouverture du capital d'Alliance Assurance donne peut-être enfin le signal du réveil et d'un nouveau départ pour la Bourse d'Alger. Le deuxième assureur privé algérien a lancé le 02 novembre dernier une souscription pour lever auprès du public 1,4 milliard de dinars (14 millions d'euros). Au terme de cette opération qui a été un succès, l'assureur devrait rejoindre les deux seuls titres déjà cotés à la Bourse d'Alger. Cette première entrée en bourse d'une entreprise privée algérienne a suscité un vif intérêt des médias aussi bien que de nombreux opérateurs économiques impatients d'en connaître l'issue. L'hirondelle Alliance Assurance est-elle l'amorce d'un nouveau printemps ? Certains l'espèrent…




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