Algérie

Fin de visite du premier ministre du Niger en Algérie/Tebboune préside une séance de travail élargie L'enjeu de la stabilité du Sahel



Publié le 14.08.2024 dans le Quotidien l’Expression

Le Niger et l'Algérie ont jeté les bases d'un nouveau type de relations inter-États dans la région du Sahel.
Au second jour de la visite officielle du Premier ministre du Niger, Ali Mahaman Lamine Zeine, le chef de l'État a présidé une séance de travail élargie aux délégations des deux pays. Signe d'un intérêt particulier accordé par la plus haute autorité du pays à densifier le partenariat entre la 3e économie d'Afrique et l'un des États le plus pauvre au monde. En s'impliquant directement dans la construction du lien entre Alger et Niamey, Abdelmadjid Tebboune envoie un signal fort à l'ensemble des pays de la région et même au-delà, à toute l'Afrique. La signification de la séance de travail d'hier est éminemment politique, même si dans le fond la préoccupation majeure et immédiate aura été l'approfondissement d'un partenariat que les Nigériens veulent gagnant-gagnant et que les Algériens entendent fructifier au bénéfice des deux économies.
Le Premier ministre nigérien, qui s'est longuement entretenu avec son homologue algérien, Nadir Larbaoui, affiche un enthousiasme certain. «Nous avons décidé de donner du tonus à la coopération algéro-nigérienne», a-t-il déclaré la veille de la séance de travail avec le président de la République. Il a évoqué des «projets communs» qu'il voudrait voir «très rapidement mis en route, pour leur réalisation au profit des deux pays». En matière de projets, deux sont d'importance stratégique. Il s'agit du gazoduc transsaharien (Tsgp) et la dorsale à fibre optique qui suit le tracé du gazoduc et qui traverse donc le Niger du nord au sud. Ces deux grands chantiers ont été évoqués entre les ministres des deux pays.
Plus que cette dynamique à portée continentale, le partenariat algéro-nigérien s'étend sur l'électrification, la prospection d'hydrocarbures, mais aussi les projets d'aide au développement financés par l'Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement. Un acte de solidarité qui n'oblige le Niger à aucun remboursement ni un quelconque intérêt sur dette. De l'aide désintéressée, très appréciée par le Niger, puisque son Premier ministre en parle comme l'une des priorités du partenariat entre son pays et l'Algérie. De fait, le Niger trouve dans l'Algérie «l'amitié, la fraternité et le bon voisinage». Pour Ali Mahaman Lamine Zeine ce «sont les trois valeurs essentielles partagées par l'Algérie et le Niger». À travers ses déclarations, pour le moins, fraternelles, le Premier ministre nigérien confirme la totale convergence de vues avec son homologue algérien et plus fort encore, avec le président Tebboune à qui il a remis un message de la part du chef du comité militaire du Niger, instance qui préside aux destinées de ce pays.
Cette visite, qui marque un retour certain du dialogue algéro-sahalien ne passe visiblement pas inaperçue, en ce sens que la presse internationale, notamment arabe, en commente le déroulement. Le journal El Qods El Arabi a, à ce propos, consacré un article à l'évènement, confirmant «le retour de l'Algérie en tant qu'acteur régional incontournable, après une période de flottement de quelques mois». Ce rapprochement entre un pays qui a arraché son indépendance par les armes après une longue guerre de libération nationale et un autre qui a eu le courage, en ce XXIe siècle mondialisé, de chasser les armées française et américaine de son territoire, ne peut passer inaperçu, à plus forte raison auprès du Mali et du Burkina Faso, deux États membres, avec le Niger, de l'Alliance des États du Sahel (AES).
C'est dire que le partenariat algéro-nigérien renouvelé ouvre des perspectives très intéressantes entre l'Algérie et le bloc de l'AES. Et l'insistance du président de la République à donner un sens concret, matériel et pérenne aux relations entre les deux pays amène à entrevoir un exemple réussi de partenariat afro-africain. Le bénéfice qu'en tireront les peuples de la région est immense. De même que sur le plan géopolitique. Des pays jaloux de leur souveraineté et solidaires dans le codéveloppement de leurs économies respectives, ferait émerger le Sahel comme l'un des points de stabilité, donc de croissance. Il va sans dire que l'on est encore loin d'un tableau aussi parfait, puisque les trois pays doivent d'abord régler en interne les questions de légitimité. Il y a également les multiples ingérences étrangères à combattre, sans oublier les défis immédiats du dérèglement climatique.
Cela n'empêchera pas les observateurs de retenir de cette visite une victoire politique majeure du Sahel.
Le Niger et l'Algérie ont, disons-le, jeté les bases d'un nouveau type de relations inter-États, en prônant la solidarité, la fraternité et le bon voisinage. Il reste beaucoup à réaliser, mais les grands projets algéro-nigériens et l'implication directe de l'Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement auront un effet accélérateur pour porter la région du Sahel au rang de point de stabilité.
Saïd BOUCETTA



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