Algérie - Revue de Presse

FIN DE MISSION POUR L’AMBASSADEUR DE FRANCE



Les adieux émouvants de Bernard Bajolet
Il s’est dit «triste de quitter un pays auquel tant de liens me rattachent depuis plus de trente ans». L’ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, a tenu un discours «d’adieu», avant-hier, au siège de son ambassade. Lors de cette cérémonie organisée à l’occasion de la célébration du 14 Juillet, M.Bajolet s’est dit «triste de quitter un pays auquel tant de liens me rattachent depuis plus de trente ans et que je dois laisser à mi-parcours avec un sentiment de mission inachevée». Abordant les relations entre les deux pays, l’ambassadeur estime qu’«il faut dépasser le passé» afin de «bâtir des relations solides au profit des nouvelles générations». Il appelle les deux pays à faire beaucoup d’efforts afin de rattraper le temps perdu.«Nous avons perdu beaucoup de temps, trop de temps, qu’il faut rattraper.» Sans apporter de réponse à sa question, il s’interroge: «Comment la République a-t-elle pu perdre de vue pendant les 132 ans de sa présence en Algérie, les valeurs fondatrices de liberté, d’égalité et de fraternité qu’elle a fait rayonner ailleurs dans le monde depuis plus de deux siècles?» Le diplomate précise qu’il ne s’agit pas là «de verser dans la repentance ni l’autoflagellation, mais de faire preuve d’honnêteté pour le passé, de lucidité pour le présent et de vigilance pour l’avenir». M.Bajolet ajoute que «la relation franco-algérienne n’est pas banale et je ne pense pas qu’elle le deviendra jamais. D’ailleurs, est-il souhaitable que ce soit le cas? Il faut, certes, je le disais, assainir cette relation, notamment en ôtant les épines du passé. Mais la normaliser, non, je ne le crois pas». Selon ces propos, cette relation est «soudée pour le meilleur et pour le pire, par le sang et les larmes». Il évoque «le sang que des milliers d’Algériens ont versé pour notre liberté pendant les deux guerres mondiales, le sang de l’injustice versé par tant d’Algériens pendant la période coloniale, puis celui de la dignité qu’il leur a fallu reconquérir (...)».Evoquant le sujet lié aux conditions de séjour et à la circulation des personnes entre les deux pays, il souligne qu’il s’agit d’un «grand chantier à peine ouvert, mais qu’il faudra mener à bien». Il réitère que «la France y travaillera dans un esprit à la fois d’ouverture et de réciprocité. Ainsi, le maintien du principe d’un régime dérogatoire pour les Algériens séjournant en France, principe qui ne doit pas empêcher les adaptations nécessaires, justifie l’élaboration d’un régime dérogatoire pour les Français qui viennent travailler en Algérie».Revenant sur le Sommet de l’Union pour la Méditerranée, le premier représentant de la diplomatie française en Algérie indique que le dernier Sommet de Paris «nous a confortés dans notre conviction que l’avenir de l’Europe se trouve bien au sud de la Méditerranée. L’Algérie, à la jonction de la Méditerranée et de l’Afrique, en est un partenaire-clé et c’est pourquoi sa participation était et restera si précieuse à nos yeux», a-t-il conclu.


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