Algérie

Fin de mission


C’est un feuilleton de mauvais goût que nous sert le FLN depuis l’annonce de ses listes électorales pour les prochaines législatives, précipitant ce parti dans une guerre de tranchées sur fond de règlements de compte et de conflits d’intérêt. Prélude de fin de règne ' Tout a commencé lorsque des cadres du parti se prévalant d’une certaine légitimité au sein du parti pour avoir milité et occupé des postes organiques au sein du FLN ou dans les institutions de l’Etat, au gouvernement et ailleurs se sont vus éjectés des listes électorales. C’est d’ailleurs cet argument que le secrétaire général du parti, M. Belkhadem, opposera à ses détracteurs qui réclament son départ en leur rappelant fort opportunément qu’ils n’avaient manifesté aucun signe de mécontentement avant cet événement. Aux griefs des «redresseurs» le suspectant de rouler pour son propre compte en se préparant dans une sainte alliance avec les islamistes pour l’échéance présidentielle de 2014, le secrétaire général du FLN ne retient de l’agitation des animateurs de ce mouvement que l’aspect opportuniste et carriériste. Dans cette inflation de déclarations-accusations que se renvoient à la face les protagonistes dans un match de boxe sans arbitre, tous les coups sont permis pour désarmer et envoyer au tapis l’adversaire. Comme cette histoire de vrai ou faux quorum des signataires de la motion de retrait de confiance au secrétaire général du parti. Un faux et usage de faux récuse publiquement Belkhadem qui met au défi ses détracteurs de rendre publique la liste des pétitionnaires. L’homme que l’on croyait à terre, à l’agonie, reprend la main en renvoyant la patate chaude dans le camp adverse. Les contestataires sont ainsi sommés d’apporter la preuve que la majorité a basculé réellement dans l’opposition à la direction politique du parti, faute de quoi leur démarche ne sera perçue par les militants que comme une tentative désespérée d’un club de vieux retraités qui chercherait à (re)prendre les commandes du parti. Le scénario que vit depuis quelques semaines le FLN n’a en fait rien de nouveau ni de surprenant. Il est récurrent. A chaque élection à caractère local ou national que le pays est amené à organiser, le FLN est projeté au-devant de l’actualité, renvoyant l’image détestable d’un parti où le combat pour les postes électifs et les privilèges s’y rattachant fait toujours rage, prenant le pas sur les débats autour des programmes et des idéaux qui sont le fondement de tout engagement politique. Le FLN de l’ère du multipartisme a toujours réglé ses crises internes à coups de trique, de crocs de doberman et de «coups d’Etat scientifique». Et pour mettre les formes légales, on n’a pas hésité à faire appel à la «justice de la nuit», à des verdicts rendus en référé à des heures indues pour débarquer des directions du parti suspectées de comploter pour rompre les équilibres du pouvoir en place. Cette fois-ci, à quelques jours du début de la campagne électorale, les diatribes qui secouent le FLN semblent, en apparence, se dérouler dans l’indifférence totale des cercles du pouvoir. Faudra-t-il alors conclure que le FLN en tant que parti du pouvoir a perdu le parapluie de ce même pouvoir derrière lequel il s’est toujours abrité ' Est-il devenu un parti comme tous les autres partis avec la recomposition du champ politique et les pressions exercées sur le pouvoir algérien pour laisser s’exprimer librement le jeu démocratique dans le sillage des printemps arabes ' Le fait que le pouvoir soit resté en dehors de ce qui se passe au sein du FLN en s’interdisant de s’impliquer directement comme il ne s’est jamais embarrassé de le faire en d’autres temps, par des canaux officiels ou officieux, pour remettre sur les rails le parti n’est pas en soi un gage de désengagement et de séparation entre le FLN, l’Etat et le pouvoir politique. Les nouvelles règles de gouvernance imposées au pouvoir en Algérie dans le prolongement des changements démocratiques intervenus dans la région font que les crises pour le contrôle du FLN se règlent toujours au niveau des mêmes centres de décision, mais de manière plus discrète. Car le pouvoir, qui n’a pas encore de solution de rechange au FLN dans cette phase de transition politique brutale imposée de l’extérieur, a encore besoin de ce parti – à défaut de pouvoir miser sur d’autres forces hypothétiques qui meublent le paysage politique – pour perdurer et amortir les chocs politiques qui ont emporté les autres régimes voisins. Belkhadem ne semble plus répondre au scénario politique du pouvoir pour les législatives et au-delà, pour les présidentielles.
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