Algérie - Revue de Presse

Les députés auront à examiner et sans doute à voter en plénière dans les prochains jours les amendements à la loi électorale et visant, selon l?exposé des motifs du projet du gouvernement, à assainir la vie politique nationale et à la débarrasser des scories charriées par une décennie et demie de pluralisme débridé. Le pouvoir s?est fort bien accommodé jusqu?ici du spectre des formations politiques en place avec ses supposés grands et petits partis. Il en a même fait une providentielle vitrine démocratique pour les besoins de la consommation extérieure. Ironie de l?histoire : ces partis dont on n?hésitait pas, jusqu?ici, à battre le rappel dans des conjonctures exceptionnelles, sont aujourd?hui, sans autre forme de procès, voués aux gémonies. Courtisés, subventionnés à fonds perdus, jouissant d?une grande sollicitude de la part des médias lourds, notamment la télévision, instrumentalisés à souhait par le pouvoir qui s?en est servi comme bruyant relais pour soutenir Bouteflika et son programme, ces partis sont invités désormais à quitter brutalement la table. Fin de mission ? Il est vrai qu?une bonne partie de ces petites formations est venue à la politique par effraction. Ces partis ont occupé les espaces d?expression et pénétré, pour certains d?entre eux, les institutions en jouant de leur proximité réelle ou supposée avec les cercles du pouvoir : le président de la République ou d?autres cabinets qui agissent dans l?ombre. Leurs dirigeants n?ont ni parcours politique et militant à leur actif, ni programme, ni encore une base militante quantifiable. C?est une réalité connue de tous. Le pouvoir a laissé faire. Il est par conséquent le seul responsable de l?infantilisme politique que l?on semble soudainement découvrir et dénoncer aujourd?hui dans les m?urs de la classe politique. Aussi, le procédé utilisé par le gouvernement pour nettoyer les écuries d?Augias apparaît-il quelque peu suspect. A travers le verrouillage de la loi électorale, le pouvoir ne cherche-t-il pas un bouc émissaire, une victime expiatoire pour amortir le choc politique du désaveu populaire enregistré lors des élections législatives de mai dernier ? Et également à reformater la carte politique en la recadrant autour des partis de l?Alliance présidentielle ? Simple question de pédagogie politique : comment peut-on exiger d?un parti naissant un ancrage populaire dans un système politique dévoyé et où les règles du jeu politique sont biaisées ? Il est vrai que des partis qui naissent avec des moustaches, cela existe ! Il est incontestable que la participation aux joutes électorales fait aussi partie de l?apprentissage démocratique et constitue un élément important de la vie et de la croissance des partis. Le seul contrôle en démocratie opposable à l?activité partisane doit intervenir en amont, au moment de l?octroi de l?agrément qui doit se faire en conformité avec la loi et rien qu?avec la loi. Pour le reste, l?indice de popularité ne se décrète pas, il s?arrache par les urnes.
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