Algérie

Fin de la campagne électorale



Effervescence et désintéressement à Biskra La campagne électorale pour les législatives du 17 mai a pris fin avant-hier, l?effervescence des QG de campagne électorale qui était montée crescendo durant 19 jours est retombée et ne manquera pas de reprendre de plus belle le soir du dépouillement des urnes et de l?annonce officielle des résultats. Chaque candidat à la députation se sera démené pour convaincre le plus d?électeurs possible de son aptitude à représenter la wilaya au parlement. « Fidélité et espoir », « Fidélité aux martyrs », « Transformation en douceur », « Pour la patrie et le citoyen », et bien d?autres slogans encore, auront été mis en avant. Tous ont exhorté les citoyens à aller s?acquitter de ce devoir constitutionnel. Un grand nombre d?entre eux se dit inspirer par les orientations du président de la République. Tous sont mûs par le profond désir de développer la région et le pays et ont exprimé la nécessité d?élire des hommes propres et honnêtes capables de bâtir l?Algérie et de faire fructifier les immenses richesses touristiques agricoles et industriel de la wilaya. Hormis le début de campagne houleux du FLN qui s?était une fois de plus négativement illustré en faisant de la Mouhafadha de Biskra le théâtre d?une altercation à couteaux tirés, dont la victime a été un étudiant gravement poignardé à l?abdomen, cette campagne électorale s?est déroulée plus ou moins dans le calme, et les piques, les allusions à peine voilées et les critiques que se sont échangés les candidats, sont jugés de bonne guerre. L?opulence ostentatoire de certains candidats issus des grands partis de l?alliance gouvernementale (FLN, RND et MSP) et d?autres candidats qui se sont présentés sur des listes en indépendants (Ijmaa, wifak et Amel) ont fortement contrasté avec le dénuement et l?inexpérience de l?encadrement de certaines petites formations politiques qui ont tenté tant bien que mal de faire entendre leurs voix afin de séduire les électeurs potentiels. Parmi ceux-là, le FNA, miné par des dissensions internes a difficilement été à la hauteur de l?événement. Les baroudeurs de la politique, eux, ont fait appel à des spécialistes de ce genre d?opération et rien n?aura été laissé au hasard : organigrammes précis des meetings et tracés des périples, coordination des différentes actions menées dans les quartiers populaires, édition des triptyques, des affiches et posters des candidats, conférences de presse savamment orchestrées, escouades de jeunes hommes stipendiés pour coller les affiches ou faire du porte-à-porte pour vanter les mérites du candidat et distribuer des babioles, des calendriers, des sachets sérigraphiés au logo du parti, des plastrons et des gilets aux couleurs du candidat et même des CD et des cassettes audio. Mais que pensent les citoyens de cette campagne électorale qui aura eu le mérite de réveiller bien des villages et des hameaux de leur léthargie décennale ? Quelle importance accordent-ils au vote ? Des citoyens apparemment désintéressés mais pas dupes Les citoyens ont observé cette agitation et cette frénétique course aux voix avec un mélange d?ironie, d?amusement et parfois d?écoeurement. Ils sont dubitatifs, indifférents, désabusés ou acerbes dans leur jugement de l?action des députés sortants et de l?utilité même du vote qui, disent-ils, « n?intéresse que ceux qui y ont à gagner quelque chose ou ceux qui sont payés pour ». Ainsi, un chauffeur de taxi, 42 ans, déclare : « Je n?irai pas voter. Pourquoi le ferais-je ? Je pense plus au 6000 DA que je dois donner chaque mois au propriétaire de la licence de taxi qu?il me loue et avec laquelle je fais vivre une famille de 6 membres. Je passe mes journées à arpenter la ville pour gagner ma vie en demandant à Dieu de m?épargner une panne de moteur. Qu?est-ce qu?un député peut pour moi ? » Un commerçant, qui a pignon sur rue à Biskra, dira : « Je ne sais même pas combien il y a de partis et de listes, ni quel est le programme de chacun. Je ne vois pas l?utilité de voter » .Un jeune, 26 ans, qui vend des cigarettes et des graines de tournesol, affirme : « Cela fait 5 ans que j?ai passé mon service militaire et je n?arrive pas à trouver un travail sérieux. J?ai écrit des dizaines de demandes mais tu sais bien ici ce n?est pas les demandes et le vote qui marchent, c?est les connaissances ». Un homme d?un certain âge, le journal à la main, explique : « Je ne vais pas voter pour des gens qui iront dormir au Sheraton. Cette ribambelle de postulants à la députation ne cherche que les privilèges et le prestige de la fonction et ils n?ont cure des difficultés et des problèmes des gens » .Le taux de participation au scrutin de jeudi risque de ne pas dépasser les 50%, à en croire certains analystes improvisés, tandis que d?autres, ayant compris que cette campagne a suscité l?exacerbation des sentiments, de défiance et de rancune entre les candidats et dans la population, qu?elle a mis à jour des clivages économiques entre les régions de la wilaya et qu?elle a raffermi les barrières ethno-tribales et parfois les a éliminées par le jeu des alliances, prédisent un taux de participation record. Quoi qu?il en soit, la bataille pour les législatives aura été rude, longue et exténuante pour tous ses acteurs, mais elle aura été, aussi, pleine d?enseignements.


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