Algérie

Fin de chantier pour la statue de l'émir: Une couche de peinture sur du bronze ! Actualité : les autres articles



Entre maquillage et ravalement, la statue de l'Emir a subi deux chantiers en 25 ans d'existence. Pourquoi cette obstination à vouloir camoufler le bronze '
On ne touche pas à un monument ou à une 'uvre d'art sans l'avis des spécialistes en la matière. La règle est simple, mais elle se heurte à l'absence de lois spécifiques à la protection du patrimoine artistique national. Ainsi, la statue équestre de l'Emir Abdelkader qui orne le beau milieu de la rue Ben M'hidi, au c'ur de la ville d'Alger, est défigurée pour la seconde fois de sa courte histoire, par une hideuse opération de ravalement, contraire aux règles de conservation d'un monument de cette catégorie.
Coulée dans le bronze, un alliage de cuivre et d'étain, cette 'uvre d'art date de 1987. Confiée à une entreprise de travaux publics sans compétences notoires pour la restauration d''uvres de cette nature, la statue a été décapée au sable injecté à haute pression. Sa couche de patine naturelle a été ainsi gravement altérée.
Pour les milieux artistiques et culturels, c'est un scandale. Ils ne comprennent pas cet acharnement à vouloir dégrader l'authenticité de la patine sombre par un affreux badigeonnage. Le bronze ne semble pas convenir au goût des gestionnaires de la plus riche APC du pays. C'est un métal qui défie le temps. Il est privilégié par les sculpteurs depuis l'Antiquité pour exprimer des qualités humaines comme la force, la noblesse, la sobriété ou la résistance. Ces attributs ne vont pas de pair avec la brillance superficielle. Le maquillage exhibitoire est incompatible avec l'austère personnage connu pour son ascétisme et son attachement à la simplicité du soufisme. La statue s'est dévoilée hier matin sous un vernis outrancier, qui fait de l''uvre un objet réduit à une allure d'emballage plastique où le mauvais choix se conjugue à la précipitation. Il n'est pas venu à l'idée du maître d''uvre de consulter les experts du ministère de la Culture ou l'artiste qui a réalisé et signé le travail, sinon l'Ecole des beaux-arts dont les compétences sont indiscutables.
Cette opération est un indicateur du niveau d'insécurité par ignorance pour tout le patrimoine artistique ou historique exposé sur la voie publique à la merci de toute initiative destructrice.


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