Algérie

Film Polémique : L'Afrique, des ténèbres « mais pas forcément » à la lumière



Des dictatures à la solde des puissances mondiales, occidentales ou pas, c'est l'une des réalités de l'Afrique postindépendance que le film de Beloud, projeté mercredi à la cinémathèque, évite de traiter, assez pour relativiser largement le deuxième aspect de son titre, « L'Afrique, des ténèbres à la lumière. » Pâle est en effet cette lumière née de l'espoir des peuples libérés du joug colonial mais vite soumis par des usurpateurs de pouvoirs qui ne se sont pas gênés d'éliminer les plus sincères révolutionnaires pour asseoir leurs régimes corrompus. L'exemple de Lumumba (assassiné par les colons avec la complicité des siens et de la CIA qui craint un ralliement à gauche), cité dans le film est édifiant et résume à lui seul le désenchantement de voir un combat libérateur ne pas profiter à la population. Le film a suscité un débat passionnel mais pas spécialement dans la bonne orientation. Si l'Algérie a été, un temps, la Mecque des révolutionnaires africains (fait bien mis en évidence pour titiller la fibre nationaliste), aujourd'hui ses fils, comme ceux des autres pays dont elle a soutenu les combats libérateurs, préfèrent affronter la mort en mer pour chercher des horizons meilleurs (même utopiques).Le film défend l'idée selon laquelle les raisons de la colonisation sont dues à l'essor en Europe du capitalisme vorace qui a commencé par l'esclavage, puis la spoliation des richesses en matières premières et, enfin, la soumission des populations à des conditions de travail inhumaines. Près d'un demi-siècle après les indépendances, ces dernières vivent toujours (le choc est plus grand pour celles qui l'ont découvert à partir des années 90) sous la même injustice du capitalisme dénoncé dans le film. Les réalisateurs ont par contre bien fait de montrer comment, lors de la grande crise de 1929, les capitalistes se sont retournés (avec violence dans les manifestations) contre leurs propres concitoyens. Une manière de dire qu'un monde serein est possible mais à condition que les peuples soient partout souverains et c'est sans doute cela « la vraie lumière ».


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