Algérie - Guelma

Filière oléicole à Guelma: Echec dans la valorisation d’un produit stratégique



Filière oléicole à Guelma: Echec dans la valorisation d’un produit stratégique




La rougette, la blanquette et le chemlal, trois variétés d’olives sont collectées comme un vulgaire sous-produit dans des sacs en plastique.

Les agriculteurs de la wilaya de Guelma, notamment ceux des zones à haut potentiel oléicole, ont échoué dans la valorisation de l’huile d’olive, comme produit stratégique du terroir. Un produit que beaucoup, considèrent comme accessoire par rapport à d’autres cultures plus rentables. La sacralisation de l’olivier, bien qu’évidente dans de nombreux pays du basin méditerranéen, subit de plein fouet dans la wilaya, des comportements contre-productifs.

«Nos agriculteurs, ont-ils conscience que l’huile d’olive se négocie sur les marchés mondiaux à prix d’or», s’interrogent des professionnels du secteur.

En effet, l’olivier est malmené à Guelma, sinon comment expliquer les faibles rendements au quintal d’olives triturées. Officiellement, ces dix dernières années, le rendement moyen oscille entre 15 et 18 litres au quintal d’olives pressées.

Des chiffres rendus publics récemment, à l’occasion d’une journée dédiée à la filière oléicole dans la commune de Roknia par la Chambre de l’agriculture de Guelma. Bien évidemment, au-delà des bilans creux, le terrain ne peut être occulté.

«Nous disposons actuellement, dans la wilaya de Guelma, de 15 huileries, dont deux sont à l’arrêt», nous déclare M. Slama, président de l’Association des producteurs et transformateurs dans l’oléiculture.

Et de conclure: «Les zones à fort potentiel sont situées dans les régions de Bouchegouf et Roknia. Cependant, ce que je peux vous dire, c’est que la majorité des agriculteurs ne font pas de la collecte d’olive une activité essentielle. Certains disposent sur leur parcelle de quelques arbres et d’autres de centaines. Nous déplorons l’utilisation des bâtons pour secouer les branches. Une technique que nous reprouvons, puisqu’elle amoindrit la future récolte. Nous lui préférons l’utilisation d’un peigne conventionnel».

La campagne a connu un démarrage précoce, en début du mois de novembre, alors que l’olive n’a même pas atteint son stade de maturité. En effet, la rougette, la blanquette et le chemlal, les trois variétés d’olives triturées dans la wilaya, sont collectées comme un vulgaire sous-produit dans des sacs en plastique qui sont entreposés les uns sur les autres, pour, finalement pourrir aux portes des huileries.

«Nous ne comprenons pas pourquoi les agriculteurs n’utilisent pas de grands cageots pour la collecte et le transport des olives. Ce moyen préserve l’olive d’éventuelles avaries et par la-même la qualité de l’huile n’en sera que meilleure, voire excellente».

22.825 hectolitres en prévision

Les prévisions de la DSA de Guelma au titre de la campagne 2015- 2016, tablent sur un rendement moyen de 19 litres au quintal d’olives, soit 22.825 hectolitres pour 9.443 hectares d’oliviers. Des prévisions record, puisque jamais égalées à Guelma. Cependant, rien n’est dit ni évoqué sur la qualité de l’olive, l’huile d’olive, sa traçabilité et encore moins ses multiples réseaux de commercialisation.

Un secret de Polichinelle, puisque beaucoup affirment que des commerçants nationaux gravitent dans la filière.

«L’huile d’olive de Guelma est achetée en grande quantité par des commerçants, notamment de Kabylie, de la capitale et de l’ouest du pays», nous affirment des fellahs.

Et d’ajouter: «Nous sommes certains qu’elle est mise en bouteille ailleurs et certainement pas avec une mention sur son origine».

A ce jour, à Guelma, l’huile d’olive est cédée à 700 dinars le litre. C’est dire que le produit vaut son pesant d’or, mais elle n’est pas à la portée de toutes les bourses.

«Et pourtant, rien ne peut justifier cette hausse! Bien au contraire, la plupart des arbres sont plus que centenaires. La cueillette est traditionnelle et l’entretien de l’olivier est quasi inexistant», s’indignent des consommateurs avertis.

En clair, rares sont les oliviers en production dans la wilaya de Guelma qui sont travaillés par les fellahs. Mais encore, la main-d’œuvre se faisant rare, le quintal d’olives est cueilli à 1.400 DA, pour être vendu 8.000 DA aux commerçants, lesquels doivent s’acquitter de 700 DA le quintal à l’huilerie de leur choix pour la trituration. Un simple calcul en fonction du rendement fait ressortir le prix de revient d’un litre d’huile d’olive qui affiche à ce jour 620 DA le litre.

Karim Dadci



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