Algérie

Filière lait : premier couac du programme «Alban» Des éleveurs demandent l'aide financière de l'Etat



Filière lait : premier couac du programme «Alban» Des éleveurs demandent l'aide financière de l'Etat

Par Ziad Abdelhadi
De nombreux éleveurs de vaches laitières des wilayas de Souk Ahras, Relizane et Blida n'ont pas hésité à interpeller le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, lors de sa tournée, jeudi dernier, dans les stands du 13e Salon international de l'élevage, des technologies végétales, du machinisme et de l'agroalimentaire (Sipsa).
Rachid Benaïssa qui s'apprêtait à se rendre dans un autre pavillon, s'est vu entouré par les plus téméraires des trois cents éleveurs décidés à faire part au ministre des problèmes qu'ils rencontrent. Portant tous une casquette de couleur bleu flanquée du sigle «Alban», ces éleveurs avaient intégré le projet algéro-français de coopération pour l'amélioration des connaissances techniques des éleveurs laitiers en matière de culture des fourrages et de suivi sanitaire des troupeaux bovins. Partie prenante dans l'accord signé en 2011 entre l'Institut des techniques d'élevage (Itlv) et Bretagne international, plus connu sous le nom de «projet Alban».
Les éleveurs ont fait savoir au ministre qu'ils étaient incapables de rénover leurs étables et de répondre à d'autres exigences du programme «Alban» sans un accompagnement financier de l'Etat.
«Je ne suis pas en mesure de rénover à 100% mon étable comme me l'a recommandé le groupe d'appui à l'élevage (Gapel). Je n'ai pas les moyens financiers nécessaires. Et je ne suis pas le seul dans ce cas de figure», nous dira un éleveur laitier de la wilaya de Relizane à qui nous avons demandé de nous expliquer la raison de sa colère.
Un autre de Souk Ahras renchérira : «Nous nous retrouvons dans une impasse. Pour preuve, après la formation dont nous avons bénéficié dans le cadre du projet, nous nous attendions à passer à la seconde étape du programme celle consistant à réunir les conditions pour améliorer les rendements de nos vaches et d'accroître notre cheptel. Mais depuis, nous ne voyons rien venir. Nous avons vite déduit que l'accompagnement des éleveurs laitiers inscrit dans le programme Alban s'arrêtait après le cycle de formation et pour poursuivre les actions envisagées au regard des objectifs visés par le projet il nous fallait mettre la main à la poche. C'est-à-dire financer à la fois la restauration de nos étables et l'achat d'autres génisses.
Ce qui dépasse nos moyens financiers.»
Autre cri de détresse adressé au ministre par les éleveurs laitiers de la wilaya de Souk Ahras, celui relatif à l'écoulement de leur production. «Nous ne trouvons pas preneurs», ont-ils lancé à M. Benaïssa. Le ministre, dernier qui s'est montré très attentif aux doléances qui fusaient de partout, même s'il était quelque peu gêné par cette manière de les poser et tentait de calmer les esprits, s'est néanmoins ressaisi et dira à l'adresse des éleveurs :
«Je prends en charge vos doléances.»
Il faut dire que le nombre impressionnant d'éleveurs laitiers qui ont intégré le programme «Alban» et qui se sont donnés rendez-vous au Sipsas 2013 pour interpeller le premier responsable du secteur de l'agriculture, est en soi une preuve que cette catégorie professionnelle fait face à des problèmes auxquels il ne s'attendaient nullement tant ils croyaient dur comme fer qu'en intégrant le programme ils allaient être accompagnés durant toutes les phases du projet de coopération. «Nous nous retrouvons livré à nous-mêmes», nous ont-ils déclarés. Pourtant, le ministre et le directeur général de Bretagne international (association d'industriels Bretons soutenue par le Conseil régional de Bretagne) avaient soutenu lors de la cérémonie de signature du contrat de partenariat en 2011 que le projet en question avait de fortes chances d'aboutir «dans la mesure où toutes les conditions de réussite sont réunies», avaient-ils argués à l'époque.
Aujourd'hui, avec les protestations de tous ces éleveurs, force est de constater que le programme «Alban» connaît son premier couac. Dès lors, une question s'impose : les équipes communes d'experts du Groupe français Bretagne international et du Groupe d'appui aux éleveurs laitiers (Gapel) vont-elles s'atteler à trouver une solution à la situation d'impasse dans laquelle se sont retrouvés les éleveurs laitiers qu'ils sont censés encadrer. Selon une source proche du dossier, une réunion regroupant toutes les parties prenantes va se tenir dans les prochaines semaines pour tenter de trouver des solutions qui puissent permettre aux éleveurs laitiers de ne plus se sentir abandonnés' mais au contraire de réaliser que leur initiative d'intégrer le programme «Alban» est résolument bonne.
Z. A.




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