Algérie

Filière lait : Les gros producteurs à l'index



Filière lait : Les gros producteurs à l'index
« Il n'y a pas de crise de lait en Algérie », a déclaré Mustapha Benbada, le nouveau ministre du Commerce, estimant que des producteurs de lait refusent le changement. A se fier à certains témoignages : « Benbada n'a pas tort. » Idem pour les déclarations de Abdelwaheb Ziani, directeur de l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL), qui a estimé dans les colonnes d'El Watan dans son édition du 16 juin, que « l'ONIL a toujours honoré ses quotas au profit des laitiers et que la mesure de restriction de la distribution de lait, en dehors de la région d'implantation des laiteries, a été décidée par l'office afin d'équilibrer l'offre nationale ». Dans ce conflit, même son de cloche chez la Confédération des industriels et le patronat algériens (CIPA), à laquelle sont affiliés les producteurs de lait (au nombre de 129), qui prend position en faveur de l'ONIL. Selon les affirmations de quelques grands producteurs, « la production ne s'est pas arrêtée et sa réduction n'est pas à l'ordre du jour ». Où réside donc le problème ' Au niveau des « petits producteurs », affirme notre source. Ces derniers accusent et l'administration et l'ONIL de malversations. Selon eux, cette polémique n'est que l'arbre qui cache la forêt.Le quotidien le Soir d'Algérie a révélé la semaine dernière un scandale de détournement à l'ONIL de plus de 3 milliards de dinars par un transformateur-producteur de lait à Boumerdès. Cela nous rappelle l'affaire d'un producteur écroué l'année dernière pour blanchiment d'argent à Oran dans l'affaire du transfert illicite d'argent vers l'Espagne. Ce dernier était connu auprès des services de l'ONIL, d'après nos sources, qui ont dévoilé l'existence « d'une vraie mafia de l'importation de lait en poudre, versée pour la plupart dans l'importation et de véritables barons de transferts illicites de devises, connus sur la place boursière du square Port Saïd ». Le procédé est simple. « Ces importateurs-transformateurs de lait livrent leurs quotas réservés à l'ONIL pour le prix fort de 320 à 360 DA le kilo de lait en poudre importé généralement de Pologne, alors que le prix d'achat ne dépasse pas les 240 DA », confie notre source. Jusque-là, les choses semblent correctes, mais le plus étonnant est que « ces mêmes producteurs rachètent les quotas au prix subventionné, soit environ 230 DA le kilo, ce qui leur permet de réaliser des profits extraordinaires, alors que les petits transformateurs subissent le diktat de ces barons qui seraient les plus grands producteurs de lait de l'Algérie avec la complicité de l'administration », accuse notre producteur. Pour M. Ziani de l'ONIL, « si certaines laiteries ne veulent pas produire, d'autres le feront ». Mais les petits transformateurs ne comptent pas rester les bras croisés et refusent d'ailleurs cette restriction imposée par les pouvoirs publics, car elle ne touche a priori qu'une région bien précise de l'Algérie. « Oseront-ils s'attaquer aux grands producteurs ' », s'interroge notre source. -


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