Les éleveurs de la wilaya de Tizi Ouzou se plaignent de nombreux problèmes qui freinent l’essor de leur activité.
Avec une production de 400 millions de litres de lait cru par an, la wilaya de Tizi Ouzou se trouve au peloton de la filière au niveau national. Cette quantité aurait pu être doublée si elle disposait de cultures fourragères, à l’image de Bouira ou de Bordj Bou Arreridj.
Mais ce n’est pas le seul problème. Les plans de relance du secteur agricole tardent à décoller dans la filière du lait cru, si l’on se fie aux doléances des éleveurs.
Tous auraient voulu bénéficier de plus de moyens.
Au nombre de 20 000, la majorité des éleveurs se plaignent de la forte hausse du prix de l’aliment de bétail, jugé inaccessible, malgré la suppression de la TVA. La botte de foin, par exemple, cédée à 300 DA en septembre, atteint les 700 DA en ce mois de décembre. Voire plus, d’ici un ou deux mois. Un éleveur débutant qui ne prend pas ses dispositions à l’avance, finira bien par s’endetter, remarque-t-on.
Ceux qui se sont déjà lancés dans ce créneau craignent surtout des maladies, comme la tuberculose bovine, qui peut décimer leurs étables. La mise en quarantaine des vaches suspectes dure 6 mois. Pendant tout ce temps-là, les vaches s’alimentent sans aucun rendement pour l’éleveur. Une fois la maladie confirmée, les bêtes sont directement dirigées à l’abattoir pour une compensation dérisoire car ne dépassant guère les 50 000 DA. Dans ces cas, certains éleveurs n’hésitent pas à vendre leurs bêtes, illégalement, pour compenser leurs pertes, quitte à contaminer d’autres étables!
«On aurait aimé être compensés par une génisse pleine,» dira un éleveur qui tire son pain de cette activité.
Un autre nous avance le manque d’empressement des assurances envers leur activité car elles ne prennent pas en considération ces maladies.
Les éleveurs assurent qu’ils n’ont pas assez de moyens pour opérer le dépistage sur leurs bêtes. Ils renvoient la balle aux pouvoirs publics.
La centralisation des agréments au niveau de l’ONIL, l’Office National Interprofessionnel du lait, a généré des retards dans le payement des subventions allouées aux éleveurs. D’une durée de six mois, ces agréments accusent deux ou trois mois de retard pour être réactualisés.
Un temps jugé trop long puisqu’aucune régularisation ne se fait sans agrément en cours de validité. Il en va de même pour certaines laiteries qui invitent leurs conventionnés à patienter en attendant la subvention.
Les laiteries privées qui ont consenti de lourds investissements savent que leur intérêt se trouve en amont de la chaîne. A ce titre, certaines unités importent quelques 400 à 500 génisses et offrent un certain nombre d’avantages aux éleveurs qui leur sont affiliés.
Ainsi, un collecteur moyen de lait cru pourra assurer son activité avec une soixantaine d’éleveurs. C’est le cas de Nezla Lait, dans la commune de Timizart qui reçoit entre 1500 et 3500 litres/jour, selon les saisons.
Ces professionnels attendent autrement plus d’efforts de la part des pouvoirs publics. L’Algérie est loin de couvrir ses besoins en la matière. La tension sur le lait générée par la grève à la laiterie de Draâ Ben Khedda n’a fait qu’accentuer davantage la tension sur ce produit de première nécessité.
Smaïl Ouguerroudj
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Posté Le : 24/12/2011
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Smaïl Ouguerroudj
Source : El Watan.com du samedi 24 décembre 2011