Publié le 20.08.2023 dans le Quotidien l’Expression
Par Kamel Boudjadi
C’est la saison estivale et les gens sont plus attirés par les produits du terroir. En été, rien ne vaut quelques figues, noires ou vertes, avec de l’eau fraîche, sous l’ombre d’un olivier ou d’un figuier. Tout en savourant l’arôme paradisiaque d’une figue ou d’une figue de Barbarie, l’âme exulte en attendant les grenades, qui muriront dans quelques semaines, au mois de septembre. Là, c’est l’extase avec les dernières figues au goût adapté à leur rareté. Les dernières figues de Barbarie à la couleur dorée qui ont résisté aux premières pluies, offrent un goût de miel et lancent un défi au temps. Manger les dernières figues de l’année avec une mélancolie adoucie par l’arôme des grenades rougeâtres est un délice auquel seules les personnes chanceuses peuvent accéder.
Toutefois, derrière ce décor idyllique parti sur les ailes d’un temps déjà lointain, il y a la réalité amère du présent. Aujourd’hui, les figuiers disparaissent peu à peu ; les figues de Barbarie, inaccessibles, tombent aux premières pluies, en attendant les rares grenades, qui résisteront aux températures caniculaires qui sévissent en ce mois d’août. Aussi, le seul recours, pour en trouver, reste le marché, obéissant à la loi de l’offre et de la demande, et qui fait fi de tout sentiment ou de nostalgie. Les prix des figues sèches sont non pas exorbitants, mais plutôt inabordables. 500 dinars le kilogramme, les jours où le marché est clément. Les figues de Barbarie battent de l’aile ces derniers jours, car elles ne peuvent plus résister à la chaleur. Alors, les commerçants sont pressés de vendre le maximum avant que tout ne soit que compost et finissent par céder leur « butin » en moyenne à 100 dinars le kilogramme.
Les succulentes figues sèches sont, de nos jours, difficiles à trouver. Lorsqu’on finit par les apercevoir, c’est le désenchantement. Les prix sont irréels. Le kilogramme est cédé entre 1 500 et
2 000 dinars. Un kilo à 2 000 dinars signifie, en faisant un simple calcul, qu’une figue sèche revient à 200 dinars. Invraisemblable ! Mais il ne faut pas sous-estimer la réalité. Comme les consommateurs qui s’aventureraient à laisser libre cours à leurs désirs, les vendeurs ne parviennent pas à expliquer la logique de ces prix qui font tourner les yeux. « Inchallah, elles vont coûter plus de 10 000 dinars le kilo. Les gens ne méritent pas d’en manger. Tout le monde peut en avoir chez soi à satiété, avec un peu de travail. C’est la loi de la nature : pour manger ces fruits divins, il faudra retrousser ses manches », explique un vieux au marché de Draâ Ben Khedda.
Enfin, il y a lieu de noter que le développement des filières en question n’est pas une affaire d’écrit ou de paroles en l’air. Elles nécessitent un travail technique qui permet d’allier les techniques modernes aux connaissances des anciens. Mais, en attendant, prions afin que la jeune génération s’intéresse à ce patrimoine qui est juste devant nos fenêtres.
Kamel BOUDJADI
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Posté Le : 20/08/2023
Posté par : rachids