Algérie

Fierté mal placée



La survenue de la pandémie de coronavirus à travers le monde a certainement bouleversé l'ordre établi. Passé l'effet de surprise, bien des pays ont su réagir pour gérer, au mieux, une maladie tout indiquée à s'installer dans le temps. Pour ce faire, une batterie de mesures préventives est décidée avec obligation d'application sous peine de lourdes sanctions. Tester, tracer et isoler sont les maîtres-mots des consignes à suivre et surtout à respecter par tous.L'outil informatique a été introduit pour mailler efficacement le mouvement des populations. C'est à travers les contacts que le virus se transmet et se développe sous d'autres formes encore plus contagieuses et même plus virulentes. Le constat des scientifiques pluridisciplinaires sonne l'alerte pour mieux organiser une riposte à la hauteur de la menace. Les pays nantis renforcent leur arsenal, rigoureux, avec une campagne de vaccination sans précédent et la capacité de leurs structures sanitaires à absorber le flux des malades les met, pour l'instant, à l'abri d'une perte de contrôle de la maladie. Ce parallèle est nécessaire pour mieux distinguer ce qui est entrepris chez nous.
Il ressort que le confinement général de la population avec fermeture de toutes les frontières, y compris l'espace aérien, a grandement porté ses fruits. La rapidité de la décision à pu freiner la progression des infections. Au tout début de l'épidémie, une réflexion a permis la mise en place d'un conseil scientifique qui devait aider les pouvoirs publics à orienter leur politique sanitaire et d'une cellule nationale chargée des investigations et du suivi des enquêtes épidémiologiques. Elle devait remplir le rôle de la prévention en s'appuyant sur le fameux triptyque : dépistage, traçage et isolement.
Mais le sentiment d'avoir vaincu le virus dans sa première vague s'est répandu non seulement dans la tête du citoyen mais aussi dans celle des responsables. Si le premier a vite cédé aux règles préventives, seul rempart à défaut d'une campagne de vaccination, les seconds n'ont pas profité de l'accalmie relative pour organiser judicieusement les structures sanitaires et les doter de moyens nécessaires pour faire face au retournement de la situation. Le chaos dans lequel se retrouvent nos hôpitaux renseigne dramatiquement sur leur incompétence à prendre en charge les malades. Beaucoup de citoyens ont perdu la vie pour la simple raison du manque d'oxygène !
L'exiguïté des capacités d'accueil hospitalières condamne les malades à rester chez eux et à multiplier les contaminations des proches. Ces victimes ne sont même pas comptabilisées dans les statistiques officielles. Il a fallu un sursaut citoyen grandiose pour pallier les carences des pouvoirs publics. Un élan de solidarité embrasse tous les recoins du pays pour soutenir les «soldats blancs».
En un temps record, des générateurs d'oxygène sont implantés dans les hôpitaux, en plus des équipements légers si indispensables dans cette lutte contre la Covid-19. Par fierté, l'Etat intervient pour gérer l'élan de solidarité de notre diaspora. Il tient à monopoliser toute aide matérielle provenant de l'extérieur et même du personnel médical algérien établi à l'étranger. D'aucuns voient dans cette décision bureaucratique une «intrusion capable de retarder une aide si précieuse et complètement initiée par des patriotes algériens» !
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