L'écrivain algérien bien connu, Rachid Boudjedra, vient de me faire l'honneur de m'évoquer dans son dernier ouvrage, Les contrebandiers de l'histoire, un brûlot comme il le définit lui-même. Il y déclare : «J'ai moi-même été censuré par tous les journaux auxquels j'ai collaboré. Y compris par ceux qui se couvrent de la couverture ?'progressiste''. Un exemple : depuis une dizaine d'années, mon nom est absolument interdit de citation dans le supplément littéraire d'El Watan dont le responsable, un certain Ameziane Ferhani, me voue une haine viscérale incompréhensible.»Soit ce distingué auteur ne lit pas le journal, soit il fabule. Aussi, je propose aux lecteurs et lectrices une simple expérience. Sur le moteur de recherche dominant, tapez «Boudjedra El Watan Arts et Lettres». En moins d'une seconde ? miracle de la technologie ? vous obtiendrez «environ 3300 résultats». Pas mal pour une édition hebdomadaire ! Bien sûr, certaines occurrences peuvent être faussées et la même source peut être reprise par plusieurs sites. Mais en parcourant les contenus, chacun pourra constater, et l'auteur en premier, qu'il est bien loin d'être «absolument interdit de citation» ! Absolument chacun de ses titres a fait l'objet d'un ou plusieurs articles d'importance et il est cité d'innombrables autres fois dans Arts & Lettres, mais aussi dans l'ensemble des compartiments du journal (culturelle quotidienne, correspondances locales, édition du week-end?). Même son Hôtel Saint Georges, sans doute pas son meilleur, a bénéficié ici d'une couverture généreuse. Et pour Les figuiers de Barbarie», j'ai eu la faiblesse ? je le crois désormais ? d'écrire : «Boudjedra renoue avec sa grande verve initiale, pleine d'épaisseur et de rythme, de sensualité et de poésie, de descriptions réussies et d'élans allégoriques. Il signe là un grand roman qui signe son grand retour» (17/04/10). En fait de grand retour, nous assistons plutôt à un grand détour véhément, nombriliste et pathétique qui surfe sur un sujet passionnant (la littérature, l'art et l'histoire), lequel mérite autre chose que des anathèmes de commissaire politique.
En tant que support culturel, nous n'avons pas de vocation people. Un romancier n'a de réalité et de sens qu'à travers ses romans. Seules les ?uvres nous intéressent.
Pas pour plaire à leurs auteurs mais pour informer. S'agissant de ma personne, j'avoue que je ne suis pas doué pour la haine, cholestérol de l'esprit, poison de la beauté, préjudiciable à la santé et au moral et davantage encore à la culture où la controverse peut s'exercer dans l'humilité, la générosité et le respect. Si Boudjedra est la dernière personne avec laquelle j'aimerai prendre un café, fut-ce sur une île déserte, qu'il sache que, jamais, il ne sera censuré ici et que son prochain roman, comme les précédents, y sera présenté avec attention et bienveillance, en tenant compte de sa contribution considérable aux Lettres algériennes modernes. Sinon, que chacun puisse respirer son air. Akhtina !
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Posté Le : 23/09/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ameziane Ferhani
Source : www.elwatan.com