Algérie

FFS : un congrès pour mettre fin à la guerre des égos !



À la suite de la tenue du fameux congrès extraordinaire, le FFS est-il en mesure d'aller au-delà de cette question organique en réactivant au plus tôt les réseaux de ses militants afin de reprendre sa place dans le débat essentiel concernant le pays ' Probablement oui, car tout indique que la vieille guéguerre procédurale, qu'un clan avait imposée trois années durant, était devenue sans intérêt à la suite de la défection de bon nombre de militants fatigués par les luttes intestines. De toute évidence, si un tel désaccord n'a eu de cesse de se traduire en accusations réciproques au sommet du parti, cela tenait au fait que le père-fondateur s'était, de son vivant, abstenu de tout recours testamentaire. Un recours que certains vieux compagnons interprétèrent comme une preuve d'humilité quand les jeunes loups pleins d'ambitions n'y virent qu'une coquetterie de «seigneur», estimant qu'il était l'irremplaçable et l'unique. C'est pourquoi le plus vieux parti de l'opposition éprouva, dès le lendemain de la disparition de «Da L'Ho», d'énormes difficultés à réussir la transition qu'il fallait et qui devait permettre aux militants de ne pas se contenter de désigner alternativement des dirigeants intérimaires.Il est vrai que l'héritage doctrinal est énorme en soi, au point de décourager les volontés les plus rompues à assumer son exploitation idéologique et sa diffusion dans l'opinion. À cela s'ajoutent, de surcroît, des ambitions qui révélèrent parmi les dirigeants certains d'entre eux ; lesquels allaient devenir les sources de toutes les discordes. Autant dire qu'en dépit des postures de sagesse, la contribution historique que laissa en héritage Aït Ahmed leur est apparue trop rebutante chaque fois quand elle exigeait un travail d'analyse dont la subtilité échappait aux militants les mieux formés à cet exercice. Autrement dit, il ne leur restait comme solution que d'aller à présent vers un congrès refondateur afin d'en finir avec le curieux conservatisme proche du tabou. Sur ce dernier aspect, il n'est pas inutile de rappeler certains dérapages significatifs ayant consisté en des engagements transpartisans dont l'alliance relevait de la grossière stupidité au regard de la doctrine du parti. Il suffisait donc de réexaminer en son temps les raisons qui avaient poussé la direction en place pour se convaincre que le parti manquait décidément de boussole idéologique.
Il est vrai qu'en l'absence définitive de Aït Ahmed, plus personne n'avait la compétence pour dicter les feuilles de route aux animateurs organiques que sont justement les Ali Laskri et les Hakim Belahcel. Certes, le parti lui-même mérite à présent et notamment dans le nouveau contexte actuel, d'indiscutables rafraîchissements de ses règles afin qu'il lui soit possible d'inscrire son action par rapport aux nouvelles données du pouvoir d'Etat. Sauf qu'il semble impératif à ce que la nomenklatura qui se trouve à la tête du FFS sache préserver l'identité de la «maison» sans laquelle celle-ci risque d'être confondue avec la multitude d'appareils alibis ayant fait le lit au système régentant l'Etat. D'ailleurs, son identité, reconnaissable à sa persistance historique dans le refus des accointances douteuses, ne lui a-t-elle pas permis de survivre malgré la glaciation dictatoriale qui avait sévi de 1963 à 1988 '
A ce sujet, de sérieux politologues attribuent cette résilience au sens de la communication de Aït Ahmed. Un talent qui, fatalement, manquera aux épigones qui lui ont succédé et qui seront contraints de recourir à d'autres prédispositions pour peu qu'ils en aient en possession. Même si ces quelques rappels relèvent manifestement de l'anecdote, il n'en demeure pas moins qu'ils traduisent les solides références doctrinales ayant toujours servi de soubassement aux discours du FFS.
L'autre exemple significatif est celui de la révolte du 5 octobre 88, lorsque seul le FFS ne s'était pas abusé à propos de la souterraine manipulation l'ayant rendu possible dans la rue. En effet, la circonspection d'un Aït Ahmed était significative quand il émit des doutes sur la nature des causes en s'interrogeant en ces termes :
«... Et s'il ne s'agissait que d'un bluff démocratique destiné à donner au pouvoir un semblant de légitimité inspirée de la kermesse colossale organisée en 1976 autour de la charte nationale '» C'était justement ce magistral scepticisme cultivé par Aït Ahmed qui, depuis, devint le signe de reconnaissance de la «Fabrique FFS». Encore que, cette dernière affirmation mérite néanmoins vérification, car il n'est pas sûr que cette grande maison politique demeure toujours la pépinière de l'opposition positive qu'elle était.
En effet, comment, en 2020, se porte le parti d'abord et se comportent ensuite des militants eux-mêmes égarés face à des courants conflictuels manipulant des groupuscules totalement indécis ' Alors que certains analystes prédisaient que l'Algérie finira par adopter le courant démocratique forgé par le FFS tant celui-ci était «remarquable à la fois par son ancrage social et la constance de son programme», il se trouve que la disparition du fondateur en 2015 avait été suivie aussitôt par un incompréhensible laminage des valeurs à la suite de la montée en première ligne de militants, certes proches du leader, mais devenus, néanmoins, des Rastignac revendiquant chacun leur légitime droit de succéder au défunt.
D'avoir porté à bout de bras l'appareil durant un demi-siècle ou presque, Aït Ahmed avait certainement fini par s'entourer de disciples sans originalités suffisamment marquées. Trop protégés en tant que propagandistes, ses cadres ne finirent-ils pas par se révéler sous les traits de politiciens au sens péjoratif de la fonction ' D'où la guéguerre de trois années (2017 ? 2020) au sujet de la «haute marche» au sein de la direction collégiale. Une crise inutile qui ne s'est pas conclue par la victoire d'un clan sur l'autre mais par la défaite morale des ambitions surfaites.
B. H.


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