Depuis août dernier, les exportations pétrolières de la Libye ont chuté de 1 600 000 barils/jour jusqu'à 250 000 barils/jour en raison de l'occupation des sites de production et d'exportation du pétrole.Même le trafic au terminal gazier de Millitah, qui alimente l'Italie, a été perturbé ces derniers jours par des tribus amazighes. Cette situation a privé le Trésor libyen de plus de 80% de ses ressources financières et l'Etat pourrait bien se retrouver en difficulté de paiement si jamais la situation se poursuit sur la même cadence. Les ressources de l'énergie constituent en effet près de 96% des revenus de l'Etat libyen. Les protestataires du Sud autour des gisements, et ceux de l'Est, dans les terminaux pétroliers de Zouitina, Ras Lanouf et Sedra, réclament plus d'équité dans la répartition des revenus du pétrole.Une répartition équitable«Ce n'est pas une question de fédéralisme, mais plutôt d'une répartition plus équitable des revenus du pétrole», proteste l'avocate de Benghazi, Leila Bouguyguis, première dame à prendre la parole sur la place de la révolution le 17 février 2011.«Ce n'est pas normal que, depuis la libération, l'Etat a dépensé plus de 200 milliards de dollars, alors que la part de Benghazi n'a pas atteint le milliard de dollars. Nous voulons savoir où sont allés tous ces fonds ' C'est une honte et cela ne sert que les intérêts de la contre-révolution», poursuit-elle. «De tels agissements versent de l'eau dans le moulin des séparatistes», poursuit l'universitaire Emna Guellal. «L'Etat ne doit pas refaire les erreurs d'El Gueddafi qui a privé le peuple de Fezzan et de la Cyrénaïque de ses richesses», précise-t-elle. Du côté de terminal gazier de Millitah, pas loin de Tripoli, qui contribue à l'approvisionnement de l'Italie en gaz naturel, il y a des protestations d'une autre teneur. Les Amazighs réclament que leurs spécificités culturelles soient respectées dans la nouvelle Constitution.«Pas de problème», répond le constitutionnaliste Abdelkader Kadura. «La Constitution est faite pour rassembler, non pour diviser», explique-t-il. «Il faudrait rassembler les articles du projet de la Constitution où il y a unanimité et laisser à part ceux où il y a divergence. Ils sont moins de dix. A la fin, on essaie de trouver des consensus autour de ces articles, en respectant les droits de toutes les minorités. C'est fondamental», précise-t-il. La crise du pétrole traduit l'exaspération du peuple libyen de ne pas voir se réaliser les objectifs de sa révolution. Benghazi et l'Est se sont soulevés contre la marginalisation. Or, elle continue à persévérer. Les Amazighs de Nafoussa se sont soulevés contre la répression culturelle de leurs spécificités. Mais, voilà qu'elle sévit de plus belle, peut-être plus. C'est pourquoi la Libye est aujourd'hui en ébullition.
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Posté Le : 01/12/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mourad Sellami
Source : www.elwatan.com