Toutes les conditions semblent être réunies pour que les prix du pétrole franchissent la barre des 60 dollars avant la fin de l'année 2017.Il est indéniable que l' «accord historique d'Alger» a révolutionné le marché mondial du pétrole, les prix montent portés par une offre qui s'annonce croissante. Le sommet de l'Opep qui s'est tenu le 28 septembre 2016 dans la capitale algérienne en marge du 15ème Forum international de l'Energie a servi de socle à une baisse de l'offre des pays producteurs. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses 11 alliés, dont la Russie, ont décidé, le 10 décembre 2016, de réduire leur production de 1,8 million de barils par jour. Ce fut salutaire. Les prix du pétrole ont pu desserrer l'étreinte.
Le constat est établi. «Sans cette réduction (décidée en 2016), les prix auraient pu être aujourd'hui inférieurs à 30 dollars par baril», a affirmé Ibrahim Muhanna, conseiller de l'ex-ministre saoudien du Pétrole Ali al-Naïmi. «L'Opep, grâce à son alliance avec des producteurs-clés non-membres de l'Opep, a récemment créé un nouveau paradigme pour la gestion des marchés», a-t-il déclaré lors d'une conférence de l'Arab Gulf States Institute à Washington le mois dernier. Un bouleversement né de l'offensive diplomatique sans précédent, lancée par l'Algérie et initiée par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour sensibiliser les pays producteurs (Opep et non-Opep) à la dégringolade des prix du pétrole. Son entrée en scène s'est fait dans le sillage de l'échec de la réunion de Doha qui aurait dû déboucher, le 17 avril 2016 au Qatar, sur un gel de la production des pays producteurs, torpillé par des dissensions entre Riyadh et Téhéran. L'Algérie s'est donc retrouvée à la baguette pour accorder les violons. Il a fallu d'abord faire sauter le verrou saoudien. Pendant plus de deux années l'Arabie saoudite s'est opposée à toute réduction de la production de l'Opep croyant dur comme fer à un rééquilibrage, automatique, du marché. Les prix ont sombré. Le chef de file du cartel a dû changer son fusil d'épaule. Cette position longtemps défendue a fait perdre des centaines de milliards de dollars de revenus à ce poids lourd de l'Opep. Il affiche désormais d'énormes déficits budgétaires depuis l'effondrement des cours du pétrole en 2014. Confronté à des difficultés économiques en raison de la baisse des cours du brut, le Royaume wahhabite se prépare donc à de nouvelles réductions de sa production.
«La protection des parts de marché ne fonctionne pas vraiment», estime Jean-François Seznec, expert associé à l'Atlantic Council's Global Energy Center. «Les Saoudiens cherchent maintenant (...) un arrangement avec la Russie pour avoir un certain contrôle sur les prix», a-t-il ajouté. La semaine dernière, l'Arabie saoudite a annoncé qu'elle réduirait sa production de 560 000 barils par jour à partir de novembre, la plus forte baisse depuis l'accord historique entre pays membres et non membres de l'Opep pour réduire la production de 1,8 million de barils par jour. A cette nouvelle redistribution des cartes sont venus s'ajouter l'accord du nucléaire iranien que le président américain Donald Trump veut remettre en cause ainsi que la crise du Kurdistan irakien. La situation demeure extrêmement tendue depuis que l'armée irakienne a pris le contrôle de cette région pétrolifère. «La production de pétrole des champs de Kirkouk (environ 500 000 barils par jour) devrait rapidement se reprendre, mais il reste à voir si les Kurdes vont permettre à ce pétrole - provenant d'un territoire dont ils se sont retirés, mais dont ils estiment qu'il leur revient - d'être transporté à travers des territoires sous leur contrôle», ont relevé les analystes du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. Dans la foulée de tous ces événements le P-DG de Total, Patrick a soutenu, hier, que la demande mondiale de pétrole devrait encore fortement croître cette année, à un rythme s'approchant de 1,6 million de barils par jour. «La chute du nombre de nouveaux projets en développement provoquée par l'effondrement des cours il y a trois ans pourrait conduire à une pénurie de l'offre de pétrole après 2020.» a estimé Patrick Pouyanné.
Posté Le : 19/10/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed TOUATI
Source : www.lexpressiondz.com