Algérie

Feux de forêt à l?Est du pays



El Kala touchée en plein c?ur Une rare colère a emporté les habitants d?El Kala devant le spectacle affligeant des flammes qui dévoraient l?un des derniers bastions de la forêt de chêne-liège qui faisait qu?autrefois la petite ville était littéralement noyée dans la végétation. Le petit bois d?une vingtaine d?hectares, ce qui n?est pas rien, vestige d?un vaste ensemble, aujourd?hui morcelé et dégradé, dégringole les flancs de la colline entre les quartiers sur les hauteurs et le centre-ville. Il a été la proie des flammes pendant plusieurs heures et les services de la Protection civile et des forêts n?ont pu en sauver qu?une infime partie. Ce bosquet qui donnait cette sensation de fraîcheur au visiteur dès qu?il abordait la descente qui lui faisait découvrir en même temps la mer, ce dernier carré de végétation naturelle devenue urbaine par la force des choses et qui a longtemps résisté à tous les appétits, en particulier à ceux qui ont tenté de se l?approprier pour en faire le jardin de leurs propriétés, a flambé comme un fétu de paille. « Ils ont fini par l?avoir lui aussi », se lamentent les gens visiblement très affectés par cette perte. « C?est comme si l?on nous avait pris notre chair », déclarent d?autres les larmes aux yeux. Certains demandent des têtes et pas seulement celle du ou des pyromanes car cela ne fait aucun doute pour eux, le terrain est convoité par la mafia du foncier qui a jeté son dévolu sur la ville. Selon les services des forêts, les dégâts ne sont pas aussi irréversibles que pourrait le laisser croire le spectacle déchirant de la végétation calcinée. Les flammes n?ont fait que lécher les arbres et il y a de fortes chances que les feuilles repoussent au printemps prochain. Les KALLOIS EN COLÈRE Le plus dur, c?est de conserver l?intégrité de cet espace vert grignoté par des jardinets qui, comme d?accoutumée, devancent les constructions. L?incendie, en détruisant complètement le sous-bois très dense, va fragiliser le site en l?ouvrant plus aisément à la fréquentation des hommes et à celle des bêtes. Selon les forestiers, la régénération du petit bois ne sera possible qu?en prenant des mesures draconiennes de mise en défens auxquelles doivent adhérer pleinement la population riveraine. Ce bout de forêt, porteur indéniable d?une forte charge sentimentale, a fait réagir les Kallois d?une manière inédite. C?est en effet, il faut le souligner, la toute première fois que la population s?emporte aussi énergiquement. La forêt, la vraie - des dizaines d?hectares de splendides chênes-lièges qui ceinturaient et oxygénaient l?agglomération - a progressivement disparu tout au long de ces vingt dernières années sans que cela suscite la moindre protestation. Les incendies volontaires, suivis de défrichements puis de constructions - et c?est généralement les pouvoirs publics qui donnent le ton -, ont eu raison de centaines d?hectares de végétation naturelle comme cette magnifique forêt de chênes qui séparait Gelas de Meridima pour ne citer que celle-là. Des milliers d?hectares ont ainsi disparu dans le parc national qui n?en est plus un, précise les gens, et cela sans que les habitants s?en émeuvent outre mesure. On se contentait de pester contre la chaleur que provoquaient ces gigantesques incendies. Il aura fallu que le feu soit dans la maison... « Il n?est pas trop tard, nous dit un scientifique qui travaille sur ces questions, il faut donner à la nature toutes les chances de reprendre le dessus et de s?épanouir à nouveau. » Bien entendu, cela n?arrange pas tout le monde et les plus dangereux sont précisément ceux qui prétendent agir pour la protection de la nature.


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