L’histoire est de comprendre si ce sont les hommes exceptionnels qui font leur devenir, ou est-ce les passions et les volontés de ces hommes qui ont construit l’histoire telle que nous la connaissons? Ou plutôt ne deviennent-ils historiques, ou héros que parce que les circonstances, leur ont permis de le devenir?
Il est vrai qu’il n’y a que les grands hommes qui soient créateurs d’avenir et qui ont su exprimé et porté le désir de justice du peuple, et que la situation crée les grands hommes tels que les révolutionnaires. D’ailleurs la définition que l’on donne de l’événement historique est la rencontre de certaines conditions et de la volonté des hommes, qui ne pourraient faire l’histoire sans circonstances historiques favorables. Pour Hegel, « les passions des grands hommes ne sont que les « matériaux » que la raison utilise pour parvenir à son but. Ils agissent inconsciemment et sont gouvernés par les ruses de la raison. « La Raison gouverne le monde et par conséquent a gouverné l’histoire universelle. Les hommes sont les moyens et les instruments d’une chose plus élevée, plus vaste qu’ils ignorent et accomplissent inconsciemment et Hadj Mohamed Benzahaf est de ceux là. Hadj Mohamed Benzahaf de sa grandeur est né l’anonymat, pour évoluer dans un milieu ambiant où les points de vue les plus extravagants occupent le devant de la scène et reçoivent parfois le meilleur accueil, nous assistons avec gêne et confusion à des récits que la vindicte populaire grossit, contrairement à ce type de personnage, et qui reprend avec démesure, pour ajouter à la liste l’état d’émoi populaire qui est à son maximum à force d’analyses et de commentaires de faiseurs d’opinions distillant ici et là les règles du penser vrai et de l’éthique propre. De son vivant et selon certains témoins tels que Hadj Belkacem Benzaza et Hadj Slimane Berber il disait : « Qu’aimerions nous dire, nous les anonymes lorsqu’on avait à un moment donné questionné sur son parcours historique, mais c’est avec humilité qu’il répondait, je ne suis qu’une personne parmi les autres qui sont morts alors que moi je suis vivant ».
Hadj Mohamed Benzahaf parlait avec modestie mais ce qu’il disait était comme s’il prononçait une sentence: « D’abord cette révolution, sa naissance est bien une délivrance même si à ce jour elle n’a pas été comprise comme il se doit. En plus, le constat c’est que la rapacité d’une caste a fait voler nos espérances et nos idéaux, d’où le deuil pour lequel nous avons traversé tant de tragédies. Ainsi, avions nous négocié la négation, l’échec, la colère, alors que nous commençons à peine à timidement gérer celle d’admission de la réalité avant d’engager, celle encore plus difficile mais sûrement exaltante de refondation des assises du pays « Si on décline de chaque positionnement une lecture de la révolution et des actions, nous devons alors retourner aux confins du nationalisme, qui nous a toujours guidé. Notre révolution est grande, disait-il et celui qui l’a servi doit être grand, pas comme certains qui devraient avoir honte et qui dès l’indépendance ont fait le choix du pari de l’humain qui expédie aux yeux du monde sa faible confiance et son ignorance des ressorts mêmes de sa propre intelligentsia! Dieu merci, nous nous sommes délivrés des chaînes du mépris, et débarrassés de cette image pesante de peuple persécuté, mais nous devons contrecarrer les visées du colonialisme qui aura toujours un œil braqué sur nous malgré notre indépendance, nous devons refuser que désormais nous soyons flattés dans notre grandeur pour être floués et abusés dans notre dignité et notre aspiration à la liberté ! Partons de cet acquis fort et de cette satisfaction qu’on a reconquise pour un statut de peuple faiseur d’histoire et bâtissons dessus une alternative ». Aujourd’hui que nous sommes libre il est temps de montrer notre capacité à apprendre de nos différences, à brandir notre solidarité. Montrons notre force de communion. Cette révolution, cadeau du ciel pour les militants sincères de la cause citoyenne, les anonymes en souffrance, les laissés pour compte doit être la compensation de nos sacrifices et de ceux qui ont donné leur vie, pour qu’ils ne soient pas mort en vain en tenant à notre serment. L’histoire de ce patriarche du nationalisme nous renvoie, à un historique des plus riches du fait de la grandeur de cet homme qui s’est toujours tenu en retrait, alors qu’il était l’un des artisans du nationalisme et de novembre 1954 Un militant fervent de la première heure, Son engagement pour la cause nationale revendique la vérité. Homme discret Hadj Mohamed Benzahaf est né le 25 juin 1913 à Mostaganem dès son jeune âge il se mettra au service de la patrie il sera au rendezvous de 1945 avec d’autres militants non moins connus, tels que Merzoug Salah Hadj Mohamed Belahouel, Hadj Mohamed Mezadja, Hadj Djelloul Nacer, Fellouh et Benaissa Aek, Ahmed Berber et Laredj Malti, Ould Aissa Belkacem, Boumediene Bensmaine et plusieurs autres personnalités non moins importantes. Le 8 mai 1945 sera le déclic du réveil national et ces hommes qui ont porté haut les couleurs du nationalisme ne seront pas en reste pour se regrouper, en cette journée marquée par l’horreur et les retombées d’un tel acte perpétré dans les villes de l’est. Une solidarité à toute épreuve ne pouvait que jaillir et se dessiner à travers tout le territoire national consterné par l’ignominie que venait de commettre la France civilisatrice, Ces hommes n’ont jamais manqué de rendez vous, avec l’histoire, quelque soit le moment, ou l’époque pour être marquée par cette triste journée. En ce 8 mai 1945, c’est de la Place Souika de Tijditt que la manifestation aller prendre son départ, dans un rassemblement sur ordre du PPA, avec Banderoles et inscriptions ou l’on pouvait lire ; (Indépendance de l’Algérie… Libérez Messali.). Mai 1945 retient l’attention sur des faits isolés mais néanmoins intéressants, concernant le chahid Meskine Fellouh et qui ont un lien avec Hadj Mohamed Benzahaf et ce à la veille du 8 mai 1945 avec Seghier Tahar et son frère Belmehel, ces derniers avaient organisé une opération contre la Ferme Du docteur Lamarque à Sayada (ex Pélissier) pour le délester de ses Armes, mais ce fut un échec, car ils seront surpris par des gardes, qui ouvriront le feu sur eux. Meskine Fellouh sera blessé à la poitrine, mais il réussira cependant à fuir avec ses camarades qui le ramenèrent chez lui, N’empêche qu’il sera arrêté par la suite lors des manifestations du 8 mai 1945, et sans que les autorités Françaises ne s’aperçoivvent qu’il était blessé. Il sera soigné dans sa cellule par Hadj Mohamed Bezahaf, arrêté lui aussi en même temps, c’est lui qui lui prodiguera des soins de fortune, et c’est par miracle qu’il guérira, il tombera au champ d’honneur plus tard. C’est dans la fameuse salle 4 qu’ils se retrouvèrent, et qui deviendra une sorte d’école du nationalisme et de formation et toute personne qui y était incarcérée était automatiquement enrôlée et c’est Hadj Mohamed Benzahaf qui était le mentor de tous il leur apprenait le nationalisme et les conditionnait pour les préparer. Hadj Mohamed Benzahaf a aussi été le mentor du Chahid Benyahia Belkacem et tellement d’autres, il était en contact avec les grands chefs historiques tels que : Larbi Ben M’hidi, Hadj Benalla, Ahmed Benbella, Rabah Bitat, Lahouel El Houssine, Moulay Cherif et d’autres personnes. Raconter l’homme c’est prendre conscience de la grandeur de cette personnalité hors du commun respectée et adulée par tous ceux qui l’on connu, Hadj Mohamed Benzahaf a passé sa vie dans la discrétion la plus absolue et se cantonnait dans l’anonymat lui qui a passé des années en prison pendant la colonisation et qui a tant fait pour le pays et pour ses amis. Ces derniers compagnons en date et qui l’ont rejoint dans la prison civile de Mostaganem et plus exactement dans la fameuse cellule 4 ont toujours témoigné de son dévouement, pour les citer en cette occasion à savoir : Hadj Aek Tahlaiti, Benyahia El Haddi, Hadj Mohamed Boutalbi, Zerrouki Chahchouh et d’autres. Après l’indépendance ayant accompli son devoir, il avait pour seul ressource un kiosque à cigarette, et quand on lui demandait pourquoi n’avoir rien demander, il disait : « Je n’ai pas fait mon devoir pour être payé en retour, mais pour être indépendant et c’est l’essentiel, et ma liberté vaut tout l’or du monde ». Il décèdera le 11 octobre 1986.
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Posté Le : 10/03/2012
Posté par : yasmine27
Ecrit par : Benyahia Aek
Source : http://www.reflexiondz.net