Algérie

Fethi Ghares aujourd'hui devant les juges



Après plus de cinq mois de détention, le porte-parole du Mouvement démocratique et social, (MDS), Fethi Ghares, va être jugé ce matin au tribunal de Baïnem.Accusé d'"atteinte à la personne du président de la République", "outrage à corps constitués", "diffusion au public de publications pouvant porter atteinte à l'intérêt national", "diffusion d'informations pouvant porter atteinte à l'unité nationale" et "diffusion d'informations pouvant porter atteinte à l'ordre public", cet homme politique, révélé par les médias avant de devenir une figure respectée du Hirak, est poursuivi pour des déclarations publiques sur les dirigeants du pays. Et malgré tout le temps passé derrière les barreaux, il reste égal à lui-même.
De sa cellule de la prison d'El-Harrach, il s'informe de tout ce qui se passe à l'extérieur. "À chaque fois que je lui rends visite, il me fait oublier qu'il est en prison tant il reste déterminé", témoigne sa femme Messaouda Cheballah, rencontrée hier au siège du MDS à Alger.
En l'évoquant, la détermination de cette battante, qui a toujours été à ses côtés, n'a pas résisté. Elle a fini par craquer en versant des larmes devant un maigre public, composé essentiellement de familles de détenus, de journalistes et d'avocats, venu soutenir les détenus d'opinion.
"Personne ne peut savoir la solitude que nous ressentons", dit-elle la gorge nouée d'émotion. Mais elle connaît le prix de l'engagement : elle sait que c'est cela "le tribut à payer pour la cause" dans laquelle Fethi Ghares s'est engagé aux côtés des Algériens qui sont sortis manifester depuis avril 2019 dans l'espoir de changer le système politique
. Ayant gravi les échelons avant de se retrouver à la tête de la formation du MDS, Fethi Ghares a participé à quasiment toutes les marches du Hirak, sillonné le pays pour assister à des meetings ou apporter son soutien à des détenus d'opinion.
"Des hommes ont libéré ce pays du joug colonial pour que nous puissions être libres", s'est-il écrié lors d'une rencontre de soutien aux détenus d'opinion organisée au début de l'été. Outre son engagement personnel, Fethi Ghares n'a pas hésité à ouvrir les portes de son parti à tous ceux qui ne pouvaient pas trouver d'endroit pour se réunir ou communiquer.
Défenseurs des droits de l'Homme, syndicalistes ou journalistes, tous ont, un jour, tenu des rencontres au siège du parti. Et à chacune des rencontres, il intervenait pour apporter ses éclairages, ses analyses et sa vision de sortie de crise, non sans vilipender le système.
Tribun hors pair, parfait bilingue, ce natif de Mostaganem n'hésite pas à nommer les choses et à pourfendre un "système pourri" et "finissant". Des propos parfois durs qui ont fini par lui attirer des ennuis avec les autorités.
Le 30 juin dernier, il finit par être arrêté chez lui à Gué-de-Constantine. Comme pour montrer ses convictions chevillées au corps, à la veille de son procès, il a adressé un message aux Algériens pour réitérer sa détermination à "poursuivre la lutte".

A. B.


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