Algérie

Fêter 50 ans d'indépendance, oui, mais...



Fêter 50 ans d'indépendance, oui, mais...
La célébration du cinquantenaire n'est pas un simple divertissement folklorique. Il sera compliqué de capter l'attention de toutes et de tous en leur déroulant simplement les grandes réalisations qu'a connues le pays depuis 1962.Commençons par le commencement...
La célébration du Cinquantenaire de l'Indépendance s'étalera sur une année complète. Du 5 juillet 2012 au 5 juillet 2013. Il faudra «meubler» ces 365 jours. Chaque jour devra nous apporter sa nouveauté. Le programme n'est pas encore publié. On ne peut donc rien en dire. Ce dont on peut être sûr, c'est qu'il ne sera pas facile de contenter toutes les franges de la société à qui il doit être, normalement, destiné. C'est un défi pour les organisateurs. Réussiront-ils à le relever' Il faudra beaucoup d'imagination, d'efforts et de moyens pour intéresser tout le monde. La perception de ceux qui n'ont pas vécu la colonisation est forcément différente de ceux qui portent cette période dans leur mémoire. Les réalisations depuis l'indépendance ne peuvent avoir de sens que si elles sont reçues avec un accompagnement comparatif. Il s'agit de mettre toutes les chances du côté de la bonne réception du message. Car et en définitive, la célébration du cinquantenaire n'est pas un simple divertissement folklorique. Il sera compliqué de capter l'attention de toutes et de tous en leur déroulant simplement les grandes réalisations qu'a connues le pays depuis 1962. Comment parler de la scolarisation généralisée, aujourd'hui, d'un peuple complètement analphabète à l'indépendance en étant sûr de retenir son attention' De lui parler de la liberté aujourd'hui reconquise par les Algériens après avoir brisé le boulet du code de l'indigénat que nous traînions tous à l'époque' De lui parler de gourbis, de la faim, du froid, de l'humiliation, de dignité et de résistance d'hier, qui ont été remplacés par les logements de standing, le gaspillage et le surpoids, les garde-robes pour chaque saison, la normalité de se déplacer dans tout le territoire sans sauf-conduit' De jouir de la protection sociale et des soins médicaux' De lui faire «toucher du doigt» l'extrême sacrifice du million et demi de chouhada' De lui faire apprécier l'immense dette que nous avons envers eux' Des martyrs grâce à qui nous avons pu sortir du règne animal dans lequel l'occupation nous avait plongés' Non, cela ne sera pas facile! Pour une bonne raison. De toutes les réalisations dont nous pouvons être fiers aujourd'hui, nous en avons raté une majeure. Nous n'avons pas réussi à écrire notre Histoire. A la mettre à la disposition d'une majorité d'Algériens et jusqu'à nos quinquagénaires. Un vide qui a été comblé au pire, par la désinformation et au mieux, par le désintérêt. Ce qu'on entend de la désinformation relève du néocolonialisme. Ce qui découle du désintérêt est la faiblesse du système immunitaire contre les multiples formes que revêt l'agression extérieure. C'est là qu'intervient le défi de la célébration du Cinquantenaire. Ou nous en profitons pour combler, autant que faire se peut, le vide mémoriel ou, si nous échouons, le déficit n'en sera que plus aggravé. Ce qui serait dramatique. La société civile n'ayant pas investi l'espace mémoriel, c'est à l'Etat que revient la lourde tâche de relever le défi et faire en sorte que l'Année de la célébration du cinquantenaire soit l'occasion pour tous les Algériens de ne plus souffrir de handicap mémoriel. L'Etat a les moyens. Il peut offrir les meilleures conditions aux historiens, sociologues, cinéastes, artistes de toutes disciplines, etc., avec comme feuille de route l'obligation de retracer avec une extrême exactitude, l'histoire de la colonisation. Cette histoire qui fait partie de notre souveraineté. L'Etat a en effet les moyens, il doit s'en servir pour barrer la route à tous ceux qui ont déjà commencé à travestir les 50 dernières années. Quant aux années d'enfer depuis 1830 et la gloire de la guerre de Libération, la falsification bat son plein depuis 50 ans. Oui, l'Etat a tellement les moyens qu'on se demande pourquoi l'essentiel dans cette «guerre» mémoriel a été négligé' Comment expliquer, en effet, que l'emblème national ne soit pas plus largement disponible sur le marché. Dans tous les supports. Dans toutes les dimensions. Pourquoi, par exemple, la Sonelgaz a-t-elle réussi la commercialisation des lampes économiques en utilisant ses guichets et que ceux des bureaux de poste ne puissent pas être utilisés pour commercialiser le drapeau national' Pourquoi faut-il recourir au «bouch-à-oreille» pour trouver un point de vente' L'Etat doit aussi stimuler sa production tout en veillant à la conformité. C'est par la disponibilité de l'emblème national que commence le réveil des consciences et le travail de mémoire. Commençons par le commencement si l'on veut marquer le Cinquantenaire de notre Indépendance avec éclat!
zoume6@hotmail.com




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