Fête européenne en temps de pandémie

Dans un message emprunt d'un humanisme profond, le chef de la Délégation de l'Union européenne à Alger a fait savoir qu' «actuellement, nous travaillons avec les autorités algériennes pour mettre en place une coopération pour lutter contre la progression de la pandémie et pallier ses séquelles économiques».L'ambassadeur John O'Rourke s'est adressé hier à la Communauté diplomatique des pays membres de l'Union européenne accréditée à Alger, et ce, à l'occasion de la célébration du 70ème anniversaire de la proclamation de la construction européenne. Anniversaire qui est célébré le 9 mai de chaque année. «Il y a exactement 70 ans que la déclaration Schuman posait les jalons de la construction européenne. Depuis, chaque année à cette date, nous célébrons l'idée d'une Europe solidaire, unie dans la paix», a-t-il rappelé.
Malheureusement, dit-il, dans une vidéo où il lisait sa lettre à partir de sa résidence à Alger, «cet anniversaire revêt cette année un goût amer en raison de la crise sanitaire mondiale que nous vivons». Il estime ainsi que «le coronavirus nous a fait entrevoir, comme dans un cauchemar, un autre monde. Une vision qui est aux antipodes de celle qu'anime le projet européen». Celle d'un monde où, affirme-t-il, «la solidarité et la coopération internationale sont sacrifiées sur l'autel de l'impératif national, un monde où le commerce international s'arrête, où la liberté de mouvement n'existe plus et où la liberté d'association est -au mieux- virtuelle». Un monde, continue-t-il, «où l'Etat tient un registre de chacune de nos interactions, où du «Vivre ensemble», il ne reste que le «Vivre» et où le rapprochement des peuples n'est pas un objectif à atteindre mais un mal à éviter». L'ambassadeur européen pense toutefois que «cette vision apocalyptique ne correspond pas à la réalité», tout en notant que «je ne critique pas les mesures de confinement et de distanciation sociale prises dans nos pays». Mais, à ses yeux, «cette prise de conscience qu'un tel monde n'est pas au-delà de l'imaginable nous permet de mieux apprécier -de défendre avec plus de courage- les valeurs qui sont les nôtres, les libertés qui constituent notre vie «normale», et surtout, surtout le trésor que sont les autres». Il se réfère à Arthur Koestler qui, dit-il, écrit dans un autre contexte : «Dans cette guerre, nous combattons un mensonge total au nom d'une demi-vérité». John O'Rourke souligne que «le projet européen est une construction humaine. Il n'est certes pas parfait et nous avons pu constater ses faiblesses. Mais dans ses aspirations comme dans ses réalisations, il continue à apporter à l'Europe -et je crois aussi à la planète- la version d'un monde meilleur». Il indique alors qu'«actuellement, nous travaillons avec les autorités algériennes pour mettre en place une coopération pour lutter contre la progression de la pandémie et pallier ses séquelles économiques». Il estime par ailleurs, que «la fête de l'Europe revêt une dimension culturelle importante en Algérie». Cependant, «en raison de la pandémie du Covid-19, nous avons été contraints d'annuler les festivités du 9 mai et de reporter le festival européen», fait-il savoir. Festival qui le laisse affirmer que «depuis plus de 20 ans, nous a donné l'occasion de faire tant de belles rencontres et de vivre de réels moments d'amitiés et de convivialité avec le public algérien». L'ambassadeur a tenu à conclure son message par une note d'optimisme.
Il considère ainsi que «cette crise sanitaire a ceci de positif qu'elle a stimulé partout à travers le monde la créativité et l'imagination pour relever le défi de la distanciation». Il annonce que «dans ce cadre et afin de répondre à notre «confinement culturel», l'Union européenne lance à partir d'aujourd'hui une initiative qui vous permettra de découvrir le 7ème art européen à travers «les journées du film européen en ligne». Il propose aux cinéphiles algériens «de vous inscrire gratuitement sur la plateforme de streaming et vous aurez ainsi accès à plus de 20 films pendant un mois». Cette initiative est pour lui «une réelle fenêtre digitale sur l'inter-culturalité». Il espère qu' «elle contribuera à atténuer la pénibilité du confinement».