A l’initiative de l’association culturelle Sebaâ Zbari (Les 7 enclumes), la 2e édition de la Fête de la forge se déroulera aujourd’hui au village d’Ihitoussène, dans la commune de Bouzeguène, à une soixantaine de kilomètres à l’est de Tizi Ouzou.
Cette manifestation culturelle sera l’occasion d’évoquer un métier qui tend à disparaître, dans une région connue pour être le berceau des forgerons.
Ce festival annuel est une occasion de réhabiliter ce métier et de le sauvegarder pour les générations futures.
A cet effet, outre la forge ancestrale qui se trouve au milieu du village, un musée de la forge a été réalisé et regroupe une bonne partie des outils de forge ainsi que des pièces forgées remontant à une époque lointaine. Le musée s’enrichit d’année en année pour devenir, plus tard, un centre de documentation et de recherche pour les étudiants, les historiens et les anthropologues.
Par ailleurs, l’ancienne forge, qui fut un centre de rayonnement du travail du fer pour toute la région de Kabylie, fait l’objet, aujourd’hui, d’un intérêt particulier de la part des membres de l’association et des forgerons du village. L’objectif est de remettre en marche cet atelier ancestral qui a fait les beaux jours du village, durant la première moitié du XIXe siècle.
Frappée par l’industrialisation et le manque de clientèle, la forge dépérit mais résiste toujours et garde sa place dans les activités quotidiennes villageoises. On imagine la place du forgeron dans la vie villageoise du temps passé, entièrement centrée sur l’agriculture et les activités rurales.
De la première forge du village, où sont fabriquées les sept premières enclumes, une par famille, d’autres enclumes et d’autres forges ont vu le jour dans chaque ville et village de l’Algérie profonde. C’est vers les wilayas de l’est du pays que tous les forgerons du village ont jeté leur dévolu. On parle d’environ 300 ateliers de forge qui ont été ouverts dans pas moins de dix-sept wilayas allant de Tizi Ouzou, Bouira, Béjaïa jusqu’à Khenchela, Mila ou Oum El Bouaghi. Ce fut l’apogée et la prospérité totale de cette activité. Les forgerons vivaient alors loin de leur famille. Ils ne revenaient au village qu’une fois la saison agricole achevée.
Historiquement, les forgerons d’Ihitoussène ont marqué de leur empreinte les batailles des Icheridene et de Lalla Fadhma n’Soumer, ainsi que l’épopée d’El Mokrani, en acheminant des armes et des épées fabriquées secrètement dans les ateliers du village en prenant part aux mêmes batailles, où une vingtaine de jeunes du village y ont laissé leur vie. Durant la guerre de Libération nationale, ils étaient aussi des contributeurs réguliers.
La Fête de la forge se veut donc un outil pour ressusciter ce métier. Les animateurs de l’association culturelle sont, malgré l’adversité, armés d’une forte volonté de redorer le blason du village.
Photo: Les forgerons d’Ihitoussène ont essaimé à travers plusieurs régions du pays
Kamel Kaci
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Posté Le : 06/08/2016
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: ; texte: Kamel Kaci
Source : elwatan.com du samedi 6 août 2016