Algérie

Festival off d'Avignon



Festival off d'Avignon
Avec Fille de paradis, le spectateur descend avec la comédienne dans le précipice de l'âme, sans corde de rappel.Le propos dépasse la question des hommes, des femmes, de la prostitution ; largement. Il parle de notre humanité. Au plan physique, spirituel et émotionnel.Du coup, cela nécessite pour l'actrice d'incarner le personnage. A chaque fois qu'elle sort de la représentation, elle dit qu'elle est allée très loin dans le gouffre. Nous avons tous un gouffre en nous et, lorsqu'on plonge dedans, on n'est pas bien.Alors, pour aller chercher cette force d'incarner le personnage, elle va très loin en elle», explique le dramaturge d'origine algérienne à El Watan.Cela, on veut bien le croire et être d'accord avec lui pour dire que «ça parle de la féminité, de la sexualité, des rapports hommes-femmes, de la beauté, du corps, la transformation du corps, à la jeunesse, au patriarcat, à la psychanalyse, à la folie».Pour Ahmed Madani, ces sujets le passionnent depuis longtemps et vont au-delà du féminisme pour atteindre une parole politique au sens large du terme : «Nelly Arcan parle de la burka de chair, de cette peau qu'on met sur la peau. Cette deuxième peau des cosmétiques de la chirurgie esthétique, de cette beauté qu'on recherche en permanence, autant par les femmes que les hommes, car on ne veut plus vieillir, on ne veut plus mourir. C'est un monde dans lequel il faut toujours rester jeune, en forme et beau».Face à l'hypocrisie de ce qu'on veut dissimuler, Nelly Arcan s'insurge. «C'est là en fait notre burka ici en occident, qui met à couvert les profondeurs et les troubles de nos âmes. Ce qu'elle dénonce».«UN ART QUI PORTE AU PLUS HAUT»Finalement, si on suit la réflexion, la société occidentale est à la fois ouverte et fermée. Madani corrobore : «On pense qu'il y a libéralisation mais tout est cadenassé. Il y a ce qu'on appelle la marchandisation du corps. Nous sommes dans un monde de fausse liberté. Dès lors, mettre en parallèle ce qui se passe dans les pays du Sud et ceux du Nord cela devient intéressant. L'auteure ne se place pas dans la position de victime, elle parle de choix assumé et c'est ce qui est dérangeant. Elle dénonce le défaut de la société occidentale qui fait argent de tout.Le capitalisme violent et foudroyant sévit dans le domaine de la sexualité, dans celui des armes, et la drogue». L'ambition d'Ahmed Madani gagnerait à être contagieuse : «Je tente de faire un travail en prise avec les problématiques réelles du monde actuel. J'embrasse de grands sujets qu'il faut creuser. Je me pose des questions de mon âge, mon rapport à la société, de l'endroit où je suis pour dépasser la réalité franco-française, pour rayonner au plus large.De grandes questions humaines, profondes qui traversent le monde. Un artiste ne peut pas échapper à ça. Loin de problématiques simplistes du spectacle, il faut oser affronter les gros trucs sans avoir peur de se planter. Je veux un art qui me porte au plus haut de mes capacités professionnelles et humaines, toucher mon contemporain et de le questionner». Il y réussit à merveille.




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