Annaba a certainement perdu son festival national de l’habit traditionnel et des arts populaires, mais elle a gardé intact celui du Hip Hop qu’elle organise, d’une manière ou d’une autre, chaque été depuis bientôt trois ans. Celui organisé pour cinq jours du 5 au 10 août, a pris son envol depuis dimanche.
Pour la vingtaine de groupes venus de toutes les régions du pays qui y participent, l’enjeu est de taille. Ils ont été présélectionnés quelques mois auparavant parmi plusieurs dizaines d’autres après une brève audition devant les organisateurs du ministère de la Jeunesse et des Sports. La liste retenue démontre que ces derniers ont été sévères dans leur choix. Dans le but de mieux maîtriser la préparation de la manifestation et retenir les meilleurs groupes issus des 48 wilayas, ils ont mis en place 15 zones régionales dont celles du Sud-Est et du Sud-Ouest. Il faut dire que l’enjeu est de taille. Le festival Hip Hop de Annaba est, en effet, le rendez-vous privilégié des maisons d’édition et du grand public pour découvrir, ou voir se confirmer, les nouvelles tendances de la création lyrique dans le genre. C’est pourquoi ce dimanche à l’ouverture, il y avait énormément de monde pour assister à ce début de compétitions entre groupes musicaux de divers horizons du pays, y compris de la lointaine Tamanrasset. Ceux de Game Over, Sine Wane, Famila, Révolution Crew, Vikings, IG2 Choc PiratesIls ont déjà annoncé les couleurs dès l’ouverture de la manifestation. Ils ont chanté sur le sable de la plage Rizzi Amor grouillante de monde jusqu’au petit matin et sur le plateau du théâtre de verdure. Ils ont cloué au pilori la lâcheté et l’hypocrisie des hommes face aux atrocités que vit actuellement le peuple du Liban. Chanteurs, musiciens et danseurs ont livré des éclats acérés sur ce qui se passe dans le monde sur la fourberie et l’hystérie d’Israël et des Américains. Puis, sans transition, ils ont mis sur relief de nouvelles versions joyeuses et exaltées de la musique sous toutes ses formes tout en échafaudant à coups de guitares rageurs, l’avenir des arts et des artistes dans notre pays. Durant les trois précédentes nuits, au rythme de leurs musiques et de leurs chansons, chanteurs et musiciens ont galopé entre le théâtre de verdure, le sable et le boulevard de la plage Rizzi Amor. Dans un rythme effréné, traversé de coups de doigts impatients, de coups de tête échevelée et de coups de cœur résonants, ils ont imposé aux estivants et touristes de s’arrêter pour les écouter. Ainsi, en présence d’un public des deux sexes et de tous les âges, les groupes ont tenté de peindre leur jeunesse et leur vie avec un mélange unique de lyrisme et de descriptif. Tout en nerfs, violentes et rythmées leurs notes musicales sont passées comme une bourrasque dans une nuit d’été. Kayen Kayen, l’album des Vikings de Annaba, repris ce lundi par le même groupe, a été tout simplement sublime. Le ressac de la mer à côté, les soupirs des amoureux assis sur le sable, l’insouciance des bambins tenant d’une main la jupe de maman et de l’autre effectuant un geste de danse, tout un environnement qui a donné aux trois premières journées du festival, un air de grande fête. Chaque groupe ne pourra se produire que vingt minutes dans des spectacles où se mêlent le in et le off. C’est dire que les membres du jury auront fort à faire pour départager les uns et les autres. Du côté des groupes de musiciens et chanteurs, l’ont souhaite que cela se face en toute équité pour une réussite totale de la manifestation.
Posté Le : 10/08/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : A. Djabali
Source : www.elwatan.com