Une clôture dans une ambiance mitigée
La deuxième semaine de cette première édition du festival national du théâtre professionnel a vu défiler sur la scène du TNA un florilège d’œuvres théâtrales dans divers genres.
Ainsi, la troupe Dellighi de Constantine s’est illustrée à travers les tribulations du légendaire Djouha, accompagné de son «âne», dans des petites saynètes comiques traduisant les revers des mœurs du peuple jusqu’au jour où, pris à son tour à la trappe, il sera traduit en justice.
Mais Djouha devient subitement moralisateur dans une construction scénographique abstraite, donnant au jeu plus d’espace, seulement le défaut est que, à force d’abstraction, on perd le sens. Le lendemain, c’était au tour de la «Poudre d’intelligence» de Kateb Hacine, dans une adaptation de Youcef Mila et une mise en scène de Assous Hassan, d’être sous les feux de la rampe et de bousculer pas mal de tabous, notamment les rouages de la cour d’un monarque, tiré forcément des contes des «Mille et une nuits», qui va se confronter à la stratégie de nuage de fumée en complicité avec Atika laquelle va, durant le spectacle, descendre en flammes la cupidité et la perversité d’un univers où tout est permis et où rien n’arrête la fièvre du gain facile. Les comédiens, dans une scénographie efficace de Abderrahmane Zaaboubi, donnent au public un spectacle total, complet, divertissant au point où l’ovation de plusieurs minutes reflétera la bonne prestation. «La maison de Benarda Alba», montée par la trompe du Théâtre national d’Alger dans un texte de Federico Lorca, a laissé une bonne impression, en relevant l’interprétation marquée de Fadhéla Hachmaoui dans son rôle de servante. La pièce théâtrale «Le fleuve détourné», du Théâtre régional de Bejaïa, dans une adaptation de Omar Fethmouch du roman de Rachid Mimouni, nous a plongés dans la mémoire d’un moudjahid ayant retrouvé sa famille dans un contexte complètement confus.
Cependant, l’aspect technique manquait de punch, notamment sur le plan de la mise en scène. En marge, des théâtrales venus d’Irak, de Palestine, de Jordanie présentées au Palais de la culture ont été bien applaudies.
En tout cas, mercredi dernier les spectateurs et artistes présents ont assisté à une soirée pour le moins mitigée lors de la clôture du festival et la remise des récompenses.
Ainsi, à l’unanimité l’on pensait que le grand prix allait revenir à la troupe du Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès pour «La poudre d’intelligence» de Kateb Yacine, les membres d’un jury présidé par l’écrivain Wacini Laredj ont préféré primer le roman de Rachid Mimouni. Selon des opinions diverses, c’est une sorte d’hommage en filigrane.
Par ailleurs, le verdict des récompenses a été annoncé ainsi : La meilleure scénographie de Mrabet Lotfi (troupe Bellighi), la meilleure musique de Omar Assou (TRSBA), la meilleure mise en scène de Ahmed Khoudi (TNA), le meilleur texte de Youcef Mila (TRSBA), le meilleur comédien Abdellah Djeuab (TRSBA), la meilleure comédienne Fadéla Hachemaoui (TNA) et le meilleur comédien jeune espoir Abdel Kader Djerioui (TRSBA).
Pour le Prix du jury, c’est le spectacle «La maison de Benarda Alba» du TNA qui a été distingué, et le Grand prix a été attribué au «Fleuve détourné» (TR Bejaïa). Notons que, surpris par le verdict, le public algérois est resté cloué n’offrant pas l’ovation de rigueur.
Mais comme le veulent les règles de l’art, le jury en a décidé ainsi. Il y a lieu de relever que le grand triomphe, lors de cette 2ème édition, a été sans contexte le souffle de jeunesse.
On peut dire que la relève est assurée.
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Posté Le : 09/06/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com