Algérie

Festival international du film arabe d?Oran : Un rendez-vous international d?exception


Une semaine marquée sous le signe du cinéma (26/06-03/07/08). Quel insigne honneur et quel redoutable privilège pour la capitale de l?Ouest que d?accueillir l?une des plus importantes rencontres cinématographiques de ces dernières décennies ! A l?instar des grandes métropoles arabes (Le Caire, Ouagadougou, Casablanca, Carthage, Dubaï, Marrakech...), Oran, longtemps capitale du court métrage, aura donc désormais, son événement cinématographique international annuel.

Comment, dans ces conditions, et alors que les violences s?accentuent et que les mésententes prospèrent, organiser un festival du film arabe ? C?est précisément parce qu?il fait fi des frontières et parce qu?il favorise les rapprochements, la circulation des idées et la diffusion culturelle que le cinéma, véritable passerelle entre les gens, peut devenir un vecteur de rapprochement des imaginaires et d?affermissement des relations entre citoyens d?une même sphère géographique, vivant parfois les uns à côté des autres, sans se connaître vraiment. L?autre avantage d?un festival du film arabe, c?est celui de permettre aux téléspectateurs aliénés par les feuilletons débiles et insipides, d?accéder au vrai cinéma, celui réalisé par de véritables auteurs, par des cinéastes professionnels. En magnifiant la réalité, en donnant une image erronée des peuples, les productions, qui squattent en permanence les petits écrans, sont une véritable imposture et une insulte au peuple. ²

La biennale du cinéma arabe, organisée par l?Institut du monde arabe à Paris, qui a baissé ses rideaux en sa 16e édition, a prouvé à l?évidence que le monde arabe ne manque ni de créateurs, ni de talents, ni de compétences, ni de savoir-faire technique. Le constat aujourd?hui: un véritable gâchis. Des génies perdus à tout jamais. Des compétences éparpillées aux quatre vents. L?Egypte, le «Hollywood arabe», longtemps considérée comme la tête de pont des cinémas arabes pour ses films commerciaux, le pays incontesté des productions les plus hardies (en tout cas les plus diversifiées dans la variété des styles et des approches) émerge difficilement du néant. Le nombre réduit et la qualité médiocre des films produits ces dernières années, à quelques exceptions près, prouvent à l?évidence que l?époque des grandes stars (Saleh Abou Seif, Ali Badrakhan, Tewfiq Salah, Youssef Chahine...), à qui on rend hommage sur hommage, est révolue. Les grands écrivains (Tewfiq El Hakim, Taha Hussein...) n?inspirent plus les jeunes créateurs. Les illustres scénaristes ont disparu. Naguib Mahfouz fut, à lui seul, l?auteur de 63 scénarios. Mais, comme l?a dit Youssef Chahine (aujourd?hui allongé sur un lit d?hôpital parisien), en pointant le doigt sur ses anciens assistants, Radwan El-Kashef, Yousri Nasrallah, ou encore Oussama Fawzy, «La relève existe», encore faut-il lui donner les moyens d?exister réellement.

Qu?on le reconnaisse ou non, le cinéma des pays arabes n?est plus ce qu?il était. Certes, de nouvelles générations pointent le bout du nez, et le vivier est prometteur de talents (1). Mais le problème n?est pas là. Il réside dans l?étroitesse du marché cinématographique et la sclérose du circuit de production et de diffusion. Aujourd?hui, le montage du budget d?un seul long métrage nécessite plusieurs années de préparation.

La production a drastiquement baissé. Les studios (qui, à une certaine époque engageaient par contrat des réalisateurs pour plusieurs films) ont disparu. Enfin, les obstacles à la production, qui ne cessent de se dresser devant les créateurs, ont fini par décourager les plus audacieux, condamnant la plupart des réalisateurs à l?inactivité ou à l?exil.

Les «dos-d?âne» bureaucratiques, les ralentisseurs institutionnels ont fini par avoir raison de toute velléité de développement. Les expériences tunisienne, libanaise, syrienne et algérienne sont quasi identiques. Après avoir développé des oeuvres sérieuses, graves, pleines d?humour et de talent, ces cinématographies ont fini par céder à la facilité, voire à la débilité et au nihilisme. L?art en général et l?art cinématographique arabe en particulier se trouvent dans un coma profond. Les responsables de cette gabegie sont bien connus: ostracisme bureaucratique, directives et pressions politiques, peu d?intérêt à la culture cinématographique, absence de logistique, inexistence de structures cinématographiques, faiblesse des investissements financiers, essoufflement des créateurs... L?expérience marocaine est à ce titre révélatrice. Voilà un pays longtemps en marge de l?évolution cinématographique qui, en l?espace d?une décennie, se retrouve seul à porter le flambeau de la cinéphilie maghrébine et arabe. Cette expansion n?est pas le fait du hasard. La vitalité du secteur ne relève pas du miracle. L?esprit d?initiative des créateurs et des exploitants y est pour quelque chose, sans oublier le soutien moral et financier de l?Etat.

Avec une industrie en plein développement, et des dizaines de films tournés en l?espace de quelques années, le Maroc aspire aujourd?hui à devenir non seulement le carrefour de l?industrie cinématographique internationale, mais aussi le leader africain et arabe face à l?Afrique du Sud et à l?Egypte.

 

Comment émerger du long coma culturel ?

Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)