Algérie - Revue de Presse

Festival international de musique andalouse : Entre malouf léger et saveurs turques



Climat froid, lundi soir, à la salle Ibn Zeydoun à l'Office Riadh El Feth à Alger. Les invités à la cérémonie d'ouverture de la troisième édition du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes, baptisé Festivalgérie, sont accueillis par des agents qui ont oublié les sourires aux vestiaires. Certains vous ordonnent même de limiter « les allers-retours ». Passons. A 20 heures, la fête peut commencer avec la brève allocution de Rachid Guerbas, commissaire général du festival. Il rassure sur « la continuité » de la manifestation, désormais institutionnalisée. Tout aussi bref, Hamid Benblidia, président de l'Association nationale de la musique andalouse, prend la parole au nom de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, assise silencieuse au premier rang. « Je vous fait l'économie des discours des responsables et place à la musique », lance Hamid Benblidia. Bien dit ! Honneur est donné à l'ensemble régional de Constantine, mené par Samir Boukredera, de jouer une nouba malouf en mode mazmoum. Une nouba nouvelle au nom sympathique de l'Aâzziza. « Samir Boukredera a réussi à sortir du mode mazmoum réputé serré. Il vient, par ces changements, d'enrichir le patrimoine musical national », explique Rachid Guerbas.Avec des variations assez originales et des tons dépoussiérés, l'ensemble de Constantine offre au public un malouf nouveau, moderne, actuel et moins lourd. « La fidélité » à la tradition, qui explique en partie le mot Malouf, est un peu secouée mais sans être blessée. Dans l'esprit de Samir Boukredera, il s'agit d'ouvrir au malouf les portes de l'universel. Les Tunisiens, qui ont hérité également de la tradition arabo-andalouse du malouf, se débrouillent pas mal dans ce domaine. Samir Boukredera promet déjà une nouba zidane rénovée pour l'année prochaine. Habillée en tenue traditionnelle blanche et verte, la troupe de Constantine a exécuté plusieurs morceaux (mecedder, derj, betayhi...) avec des solistes à la voix parfaite, terminant avec un léger Mechi ya rassoul fi dar el habib, provoquant des applaudissements dans une salle acquise.Rachid Guerbas promet « la convergence » avec la deuxième inscrite au programme, Stambouli Sanat Music. Les Turcs ont, selon lui, compris depuis longtemps la nécessité d'introduire des variations dans la musique héritée de l'empire ottoman. Héritage existant également en Algérie où la présence turque avait duré trois siècles. La convergence est liée également au bechraf, fortement présent dans le malouf et dans la musique savante turque. D'origine persane, le bechraf est connu par ses cycles rythmiques. Stambouli Sanat Music, qui n'a que trois ans d'âge, est dirigé par l'auteur-compositeur Halil Necipoglu, qui a réussi le pari d'inscrire la musique savante d'Anatolie dans le genre world music, grâce à la petite révolution introduite dans les variations rompant avec le mode traditionnel. La présence de « le tenbur » et de la « ritim saz » (instrument typiquement turc) soulignent le caractère riche d'airs ancrés dans la terre de l'Asie mineure. Popularisée par les tonalités téléphoniques montées en Chine, la nouvelle musique turque, désormais mondialisée, n'a pas surpris les jeunes présents dans la salle. Stambouli Sanat Music prépare un nouvel album, Nur Osmaniye, qui sortira en 2009. Festivalgérie se poursuivra jusqu'au 25 décembre courant. Aujourd'hui et demain, Nabil Kassis, Tarik Bechiri et Joël Laplane animeront des conférences à la salle Frantz Fanon (Riadh El Feth), sur le système modal dans la tradition des mouwachahat et sur la lutherie. Toutes les informations sont sur le site du festival : http://www.festivalgerie.org.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)